Le pays du présentéisme est-il prêt à passer au full remote ? C’est la question que l’on pourrait se poser suite aux différents épisodes de confinement liés au Covid-19 qui ont poussé les entreprises de toute la France à adopter le télétravail. Un bon moyen de faire face à la situation. Certes de façon imposée et, souvent, totalement déstructurée, mais avec une vraie collaboration à distance. Rares sont toutefois, aujourd’hui, les entreprises qui sont entièrement passées au full remote. Le mode hybride, un mix entre présentiel et distanciel, reste actuellement privilégié. Les Français en sont même de fervents adeptes puisque, selon le dernier Baromètre Télétravail 2022 de Malakoff Humanis, ils le plébiscitent à 50%.
Mais, alors, comment fonctionne réellement une entreprise en full remote ? Est-il possible de faire carrière en full télétravail ? Comment faire la transition ? Avantages, limites et conseils : nous répondons à toutes vos questions sur le sujet !
Le full remote c’est le travail 100% à distance
Vous avez du mal à comprendre le full remote ? Vous vous demandez pourquoi certaines entreprises y adhèrent ? Alors vous êtes au bon endroit.
Quand le travail à distance s’invite dans les entreprises françaises
Le principe du full remote est simple et pourrait être résumé de la façon suivante : fini les bureaux ! Chacun travaille à distance : chez lui, dans des latitudes plus lointaines ou encore dans un coworking. Tout dépend de la flexibilité de l’entreprise dans laquelle il évolue. Car, oui, ce n’est pas parce que le télétravail y est roi que tout est permis. Comme dans toute organisation, il y a des règles à respecter. La codification des méthodes de travail est même souvent plus importante pour un fonctionnement au top. Mais comment en sommes-nous arrivés à cette situation ?
Tout d’abord, il faut savoir que le 100% télétravail, bien développé aux Etats-Unis, est encore peu répandu en France. Même si, depuis la pandémie, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à se laisser séduire par le concept, elles sont rares à passer le cap. La peur l’emporte. Celle de perdre le contrôle, d’éprouver des difficultés à fidéliser les collaborateurs, à fédérer les équipes… Retour sur les croyances actuelles entourant cette pratique.
Full remote : entre rêve et la réalité
Le futur de l’entreprise sera-t-il sans bureaux ? Encore faut-il vaincre les réticences des employeurs. Zoom sur les bénéfices et les limites du full remote.
Les avantages du full remote pour les entreprises
Ce n’est un secret pour personne : la raison principale qui pousse les entreprises à passer au 100% télétravail est, bien entendu, la réduction des coûts. Entre les frais engendrés par les locaux, l’énergie, les fournitures et l’entretien, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver.
En faisant des économies sur ces derniers, elles peuvent investir sur d’autres secteurs et recruter des talents sans frontières. Elles peuvent aussi travailler sur leur marque employeur en attirant des profils à la recherche de ce type de fonctionnement.
Les avantages du full remote pour les salariés
Pour les salariés, le full remote représente avant tout la liberté. Celle de travailler à distance et, souvent, quand ils le souhaitent. L’équilibre vie professionnelle et vie personnelle en sort donc généralement gagnant. Ils organisent leurs horaires selon leurs envies et sont uniquement jugés sur leurs résultats. Fini le présentéisme, bonjour les prises de décisions. L’autonomie offerte leur permet aussi de s’épanouir davantage, de prendre confiance en eux et, in fine, d’être plus productifs. Il est alors tout à fait possible de faire carrière entièrement en full remote. À condition que la structure au grand complet soit dans le même fonctionnement.
Les salariés qui plébiscitent ce modèle perdent également moins de temps dans les transports. Un stress en moins au quotidien. Full remote rimerait-il avec qualité de vie ? Sans doute, mais, attention, les inconvénients existent pour les organisations comme pour les salariés.
Les limites du full remote pour les entreprises
Pour les entreprises, tout dépend de la façon dont elles appréhendent le 100% télétravail. Certaines voudront à tout prix garder le contrôle sur leurs collaborateurs. Dans ce cas, un management toxique peut se mettre en place et c’est l’échec du modèle.
Il peut également être complexe de fédérer une équipe à distance ou encore de créer une vraie culture d’entreprise.
Les limites du full remote pour les salariés
Le full remote n’est pas fait pour tout le monde. Il faut, en effet, avoir l’état d’esprit qui corresponde à un tel fonctionnement. Certains n’auront, de fait, pas le niveau d’autonomie nécessaire et auront besoin d’être davantage accompagnés. D’autres préféreront se rendre au bureau pour voir leurs collègues. Ceci pour se motiver, garder le lien social et développer un sentiment d’appartenance.
De même, lors du passage du présentiel au full remote, il peut être complexe de trouver son équilibre. Le salarié pourra se sentir obligé de travailler davantage pour montrer qu’il « fait ses heures ». Il se rendra, dès lors, disponible en permanence et dépassera la limite entre le pro et le perso. Dans ces conditions, les bénéfices santé et bien-être au travail sont rapidement perdus.
Comment s’organise le fonctionnement d’une entreprise en full remote ?
Vous vous demandez à quoi peut bien ressembler le quotidien d’une entreprise et de ses salariés en full remote ? Et si nous levions le voile, juste pour vous ?
Des horaires…ou pas
Nous vous en parlions plus tôt : lorsqu’un employé travaille entièrement à distance, il peut avoir des horaires de bureau. Une manière pour l’entreprise de favoriser les échanges en temps réel. Toutefois, certaines organisations (souvent de type start up) sont beaucoup plus flexibles. Elles vont jusqu’à abolir toute notion de temps de travail. Seuls comptent le résultat et l’accomplissement de ses objectifs. Un bon moyen d’inclure les personnes sur d’autres fuseaux horaires.
Interrogé par Zdnet.fr, David DeSantos, de GitLab, a, de son côté, adopté cette option : « Très tôt, nous avons trouvé des moyens de communiquer de manière asynchrone au maximum et de limiter les réunions synchronisées« . Les réunions Zoom sont donc enregistrées et mises à la disposition de tous les employés. Certains échanges informels peuvent même être rendus publics pour plus de transparence. Les e-mails sont, quant à eux, réservés aux actualités importantes de l’entreprise. Il est alors tout à fait possible de travailler à distance à condition d’avoir une bonne communication. Mais pas que !
Les bons outils pour les bons usages en full remote
Le travail à distance nécessite un certain nombre d’outils adaptés à un usage bien spécifique. Cela commence par l’équipement informatique ou par l’achat d’un bureau adapté pour son collaborateur. Celui-ci aura devra également avoir accès à des outils digitaux qui faciliteront les échanges et lui permettront de collaborer.
Visioconférence, e-mail, partage d’information, messagerie instantanée : chacun aura une utilité qui lui sera propre. L’objectif : éviter la perte de temps et d’énergie générée par un trop plein d’informations ou un trop grand nombre de réunions.
La confiance avant tout !
C’est le maître mot du full remote : la confiance. Anthony Lambert, fondateur de Boond Manager, le confirme dans un article de Welcome To The Jungle : « On essaie tous d’être le plus transparents possible, mais c’est vrai que je n’ai aucun moyen de m’assurer que chacun est vraiment concentré sur son travail. Mais c’est pas grave ! D’abord, on doit pouvoir se faire confiance. Ensuite, ce qui m’intéresse, c’est que chacun remplisse sa mission et que le travail soit bien fait. »
En conclusion : sans confiance, le système tout entier ne tient pas. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles certaines entreprises ne sont toujours pas passées au full remote : la peur de ne pas pouvoir « surveiller » leurs employés. Et si c’était le bon moment pour revoir les mentalités et s’inspirer des pratiques des entreprises en full remote ?
Des rituels qui fédèrent, même à distance
Se dire « bonjour » le matin et « au revoir » en fin de journée même à distance, c’est possible. Pour créer du lien et fédérer les équipes, certaines organisations ont même instauré des rituels plus poussés. Café du matin, discussions pour faire connaissance, Yoga ou Pilates à distance… Tous les prétextes sont bons pour se retrouver et développer un vrai sentiment d’appartenance.
La création d’une vraie culture d’entreprise pour fidéliser
Créer une culture d’entreprise à distance n’est pas facile. Les rituels y participent, l’organisation des événements, mais aussi le partage d’informations. L’entreprise véhicule au maximum ses valeurs par différents biais.
La documentation ou le guide d’entreprise
Que ce soit pour les nouvelles recrues ou les collaborateurs de longue date, un guide de l’entreprise est un indispensable. Celui-ci permet de répertorier les bonnes pratiques, l’organisation globale de la société, ses codes… Une vraie FAQ qui permettra à tout le monde de s’y retrouver et d’intégrer la culture de l’entreprise.
Des événements en physique pour se retrouver
Parce que les entreprises en full remote sont conscientes des limites du tout virtuel, elles organisent régulièrement des événements ou rencontres. Ceux-ci peuvent être annuels ou plus fréquents. Le budget de ces team building représente, bien souvent, un coût non négligeable.
Anthony Lambert investit, par exemple, « 70 000 euros » une fois par an pour réunir ses collaborateurs. Entre l’hôtel, le transport, la privatisation des locaux, les activités… un événement aussi important s’anticipe. Peu importe le montant engagé, il s’agit avant tout de proposer un moment mémorable.
Le coworking entre collaborateurs
Le coworking permet aux travailleurs présents dans la même ville de se rencontrer et de travailler ensemble. C’est une bonne solution pour ne pas se sentir isolé en retrouvant ponctuellement ou tous les jours un espace de travail avec des personnes différentes. Vous en trouverez pour tous les goûts. Il suffit, pour cela, de regarder dans notre base de données.
Les secrets de réussite des entreprises qui sont passées en full remote
Vous souhaitez connaître les clés du succès des entreprises qui ont réussi à mettre en place un tel fonctionnement ? Nous vous livrons aujourd’hui tous leurs conseils.
Comprendre le full télétravail et y adhérer
Toutes les organisations ne pourront pas passer au full remote, car elles ne seront pas prêtes ou n’auront pas l’état d’esprit nécessaire. Faire du télétravail ponctuel est, de fait, bien différent que de se passer intégralement de bureaux.
Il faut, avant tout, en faire une vraie philosophie d’entreprise et en comprendre tous les enjeux et les codes. Le recrutement doit aussi être bien pensé pour éviter les profils peu en phase avec une telle liberté. La communication et la gestion quotidienne devront être entièrement adaptées. Quant aux équipes, il est important qu’elles y adhèrent et soient bien formées avant d’effectuer un tel changement.
Créer un espace de travail virtuel
Ce n’est pas parce que les bureaux sont laissés à l’abandon qu’il n’existe pas d’espace de travail. Celui-ci peut, en effet, être virtuel : le bureau est remplacé par une interface capable d’organiser le travail de chacun. Il doit donc être le plus collaboratif possible. Là encore, les outils seront vos alliés, tout comme le manuel de l’entreprise.
Favoriser l’inclusion de tous en full remote
L’inclusion, c’est le leitmotiv de David DeSantos, de GitLab : « Parler d’inclusion peut sembler trivial, mais c’est vraiment ce qui vous permettra de travailler en toute transparence et collaboration, en ne comptant pas que sur Zoom pour parler [à vos collaborateurs].«
C’est donc la capacité de l’entreprise à « embarquer » le collaborateur avec elle, à lui transmettre ses valeurs et à le faire passer en premier qui prime. L’employeur devra, dès lors, être particulièrement vigilant dans sa propre posture en montrant l’exemple. À l’image de l’ensemble de ses équipes, il doit faire preuve de transparence et passer entièrement en full remote.
Créer un poste de responsable de télétravail
Bien-être au travail et expérience collaborateurs ne sont pas oubliés malgré la distance. Certains n’hésitent pas à créer un poste de responsable télétravail. Empathique et à l’écoute, celui-ci devra être capable de détecter d’éventuelles problématiques et de favoriser une adaptation constante de l’organisation à ses employés.
Repenser son management en full remote : autonomie et lâcher-prise
Nous avons parlé plus tôt du management toxique, dans le contrôle permanent. Passer au full remote signifie accepter de passer un mode de management bienveillant et basé sur l’autonomisation et la confiance.
Juger sur les résultats et non le présentéisme
Le 100% télétravail implique de juger les salariés sur ses résultats et non plus sur le temps passé derrière son écran. Celui-ci peut donc s’absenter quand il le souhaite pour aller chercher ses enfants à l’école par exemple. Tant que ses objectifs sont remplis, peu importe son temps de travail. Une vision dont devraient s’inspirer bien des entreprises.
En conclusion : le full remote doit être bien pensé en amont
Vous avez désormais toutes les clés en main pour passer au full remote. Mais n’oubliez pas : il vous faudra être patient et prêt à changer fondamentalement votre perception du monde du travail. La motivation sera votre guide.