Incubateur, Digital Factory, Innovation Lab, Start-up Studio… Disons-le franchement, tous ces termes sont parfois un peu compliqués à différencier : on a du mal à s’y retrouver. Pourtant, mieux vaut ne pas les confondre, car chacun d’entre eux fait référence à des structures où les entreprises sont accompagnées de manière très différente.
Aujourd’hui, on vous explique, en détails, en quoi consiste un start-up studio.
Un modèle de création de start-up nouveau
Le start-up studio, késako ? Selon notre ami Wikipédia, le start-up studio (parfois appelé start-up factory, usine à start-up, company builder ou encore venture builder) est une entreprise qui crée des start-up. Elle prend appui sur des ressources partagées avec une équipe multidisciplinaire et elle bénéficie également d’un apport en capital et/ou en services.
Ainsi, le start-up studio laisse beaucoup de libre-arbitre et de capacité décisionnelle aux entrepreneurs qui sont recrutés, tout en jouant un rôle actif de cofondateur au sein des start-up créées. L’objectif est donc d’accompagner les entrepreneurs dans la durée à la fois matériellement, humainement mais aussi en matière de financement. Le processus de création d’une nouvelle start-up est ainsi plus ou moins standardisé.
En résumé, ce qui fait l’originalité de l’usine à start-up, c’est principalement la capitalisation sur les ressources partagées et le lancement de plusieurs start-ups en même temps.
En deux mots, qu’est-ce qu’un start-up studio ?
Il s’agit d’un studio :
- porté par : un fonds d’investissement, un investisseur privé ou un grand groupe,
- souvent experts d’un domaine précis (le digital, le médical, l’Intelligence Artificielle ou encore l’immobilier),
- et toujours experts de l’univers et l’écosystème Start-up.
Il sélectionne un projet dès sa genèse : certains choisissent des projets extérieurs qu’ils identifient comme ayant du potentiel, d’autres définissent eux-mêmes les projets à porter.
Le choix de l’entrepreneur est fait par le start-up studio.
L’accompagnement apporté est global : matériel, humain (des équipes spécialisées et dédiées) et financier. Il se fait dans la durée (de 6 mois à quelques années selon les structures). Le processus de création est ainsi souvent très standardisé.
Les débuts des Start-up Studios
C’est en partant du constat que les start-up avaient un faible taux de succès à leur démarrage et qu’elles avaient besoin d’accompagnement au sein d’un écosystème bien structuré, que l’idée du start-up studio est née.
L’histoire des start-up studios a commencé en 1996, avec la création d’Idea Lab fondé par Bill Gross, un entrepreneur aux succès multiples et variés. En 25 ans d’existence, c’est pas moins de 150 entreprises que le start-up studio a réussi à créer et lancer, le tout accompagné de 45 introductions en bourse.
Le succès de Rocket Internet
On considère plus généralement que c’est le start-up studio allemand Rocket Internet qui a véritablement propulsé le concept sur le devant de la scène. En effet, Rocket Internet, fondée en 2007, a participé à la création de nombreuses start-up issues d’internet et développées à l’international, comme Zalando, eDarling, HelloFresh ou encore Helpling.
Le début des start-up studios français
En France, c’est efounders, créé par Thibaud Elziere et Quentin Nickmans, qui a été le pionnier des start-up studios en 2011. En 10 ans, il a aidé à structurer pas moins de 28 start-up et a réalisé plusieurs exits très remarqués, comme TextMaster, cédé à Technicis, ou encore Mention, vendu à NewsDesk. D’autres usines à start-up ont été créées les années suivantes, telles que Split en 2013 ou encore RedPill en 2015.
Un véritable phénomène dans le monde de l’entreprenariat
En 2015, on comptait moins d’une centaine de start-up studios dans le monde. En l’espace de quelques années, le concept s’est tant répandu qu’ils sont désormais indénombrables.
Néanmoins, c’est à partir de 2017 qu’on a pu constater une croissance encore plus nette du nombre de start-up studios : de nouveaux acteurs sont apparus dans l’écosystème. Ces petits nouveaux se sont souvent révélés être des initiatives poussées par de grands groupes, comme La Banque Postale, Air France ou encore Axa.
Thales a elle aussi sauté le pas en 2018 en créant la « Digital Factory”, un lieu ayant pour mission d’accompagner des jeunes pousses de la cybersécurité et de l’IA.
Start-up Studio : modes de fonctionnement
Vous l’aurez compris, le fonctionnement d’un start-up studio repose sur des principes simples :
- il finance le processus de création de start-up,
- et met en place les moyens stratégiques pour sa réussite,
- mais il dirige également toutes les opérations qui y sont relatives.
Ainsi, c’est le company builder qui détient la majorité des parts du capital de l’entreprise. Chacun est composé d’une équipe d’experts qui a pour mission de lancer les start-up et de les développer jusqu’à ce qu’elles arrivent à attendre une certaine maturité économique.
Bref, maintenant c’est super clair (enfin on l’espère) : le business model des start-up studios est très différent d’un simple incubateur ou d’un accélérateur, puisque ces derniers ne font qu’assurer les rôles d’accompagnateurs dans le développement et la croissance de start-up aux projets déjà définis. Il intervient alors en totalité dans la création de start-up.
Déroulement de la création par un start-up studio
Les start-up studios interviennent très tôt dans la vie d’une start-up, c’est-à-dire dès la phase qui précède son processus de création : l’idéation.
Une fois les idées trouvées et validées par le start-up studio, ce dernier va ensuite aider les entrepreneurs qu’il accompagne à recruter les équipes qui les aideront à construire et diriger leurs start-up. Le start-up studio peut également lui-même développer la première trame d’un projet et décider de recruter un entrepreneur qui aura pour mission de le développer.
C’est souvent l’un des moments qui se révèle être le plus difficile à traverser. Il faut en effet réussir à dénicher un profil d’entrepreneur particulier, puisqu’il ou elle doit être prêt(e) à accepter le challenge de développer un projet prédéfini et d’avoir un rôle d’associé au sein du studio.
Afin de pouvoir mener à bien chaque projet, la start-up factory réunira des ressources supplémentaires : des compétences, un espace où travailler, des technologies et des ressources matérielles mais surtout le financement nécessaire au développement de toutes les start-up.
Les différents types de start-up studios
Si les start-up studios ont tous un ADN commun, chacun se construit néanmoins autour d’ambitions qui lui sont propres. Ainsi, ils varient à la fois dans leurs structures et dans le type de projets qu’ils aident à développer.
On distingue notamment les start-up studios généralistes de ceux qui se concentrent sur le développement d’idées particulières à un secteur d’activité. Certains sont quant à eux organisés autour d’une verticalité.
Les start-up studios généralistes
Comme leur nom l’indique, ce type de start-up studio accompagne le lancement de start-up dans tous types de domaines.
C’est par exemple le cas de RedStart, un studio qui a créé des start-up telles que MyCooper (outil de gestion de parc mobile en entreprise), FBP Médical (matériel médical pour le maintien à domicile des personnes âgées) ou encore KripTown (une bourse des start-up).
Les start-up studios verticaux
Cependant, afin de garder un cap clair et pour éviter de s’éparpiller, certaines de ces venture studios se focalisent sur une verticalité. Il s’agit alors de définir un axe qui englobe des industries de domaines différents mais qui servent un intérêt commun.
C’est par exemple le cas de efounders, qui ne lance que des start-up SaaS autour du futur du travail: ils ont notamment lancé Mailjet, un outil de gestion d’envoi d’emails, Forest, un back office universel ou encore Folk, un outil de CRM innovant.
Les start-up studios spécialisés
La plupart des start-up studios qui voient le jour ces dernières années sont spécialisés dans la création de start-up dans des domaines particuliers : santé, FinTech, nouvelles technologies, intelligence artificielle…
Inauguré en novembre 2021 à Paris, le start-up studio l’Échelle se concentre sur le secteur des PropTech et de l’InsurTech. Il a été créé par Christophe Veyrières, fondateur du groupe de gestion immobilière Excogim et Brieuc Oger, entrepreneur du digital et spécialiste de la PropTech.
L’objectif de l’Échelle : d’ici 2027, créer 10 entreprises innovantes financées par un Family office, qui évolueront sur le marché de l’immobilier au sens large : assurance immobilière, plateforme de service, domotique, construction, solution de financement, etc.
Quels sont les modèles économiques du start-up studio ?
Vous vous en doutez, la créer des start-up n’est pas une mince affaire. Bien qu’il repose sur des idées définies, le start-up studio reste une organisation entrepreneuriale flexible, particulièrement en ce qui concerne sa structure économique. Afin de répondre à la pluralité des ambitions de chaque entrepreneur, plusieurs modèles économiques sont possibles.
Le concept du corporate venture studio
Le concept du corporate venture studio est basé sur le principe suivant : le start-up studio est créé à l’initiative d’un grand groupe qui souhaite s’inscrire dans une dynamique d’innovation sans pour autant bouleverser l’organisation de l’entreprise. Il s’agit donc de créer la filiale d’un groupe préexistant.
Ainsi, les start-up accompagnées à l’intérieur du venture studio bénéficient de beaucoup d’avantages. Le groupe dispose en effet de ressources humaines, matérielles et financières importantes dont son start-up studio peut profiter.
Le corporate venture studio est donc un type de start-up studio très attrayant pour les entrepreneurs : la notoriété du groupe auquel il est rattaché est un atout indéniable pour mener chaque projet le plus loin possible.
La prise de participation au capital de la start-up
Le business model le plus traditionnellement adopté par les start-up studios est celui de la prise de participation au capital de la start-up. L’idée est qu’en cas de réussite du projet mené par la start-up, le start-up studio se rémunère en cédant ses parts (lesquelles ont bénéficié d’une plus-value).
Cela permet de compenser les pertes engendrées par les échecs d’autres start-ups au sein du venture studio grâce à l’argent gagné via la cessation de ces parts. Car si les usines à start-up sont des structures a priori fiables et sécurisantes pour les projets qui y naissent, le succès d’une start-up n’est évidemment jamais garanti.
Ce modèle nécessite cependant des facultés managériales importantes de la part des fondateurs, car certains de ses aspects demandent beaucoup de réflexion.
La nécessité d’un capital important
Tout d’abord, ce business model implique la création d’un capital d’amorçage solide, sans lequel les projets auraient du mal à être financés au fil des années. C’est pourquoi les start-up studios qui adoptent ce modèle économique passent généralement par une ou plusieurs étapes de levées de fonds auprès de fonds d’investissement et/ou d’investisseurs.
Ce mode de fonctionnement requiert également de bonnes relations entre entrepreneurs, fondateurs et investisseurs : il s’agit par exemple d’éviter que les entrepreneur aient l’impression que le start-up studio est trop présent dans les prises de décisions de la start-up.
Le paiement de redevances au Start-up Studio
Certaines start-up factories décident parfois d’opter pour une alternative à l’opposé du modèle classique de prise de participation au capital des start-up : le paiement de redevances au start-up studio par les start-up elles-mêmes.
Ce concept se décline en plusieurs possibilités, comme par exemple la contractualisation du versement d’une partie du chiffre d’affaires de la start-up ou encore la facturation de la prestation de services proposée par le start-up studio (espace de travail, expertise, matériel…).
De cette manière, la trésorerie du start-up studio profite de rentrées d’argent assurées et régulières. Cela permet également que la start-up se sente encore plus liée à la réussite du projet des fondateurs, puisqu’elle a la responsabilité de produire des résultats financiers.
Pourquoi passer par un start-up studio ?
Alors que le concept du start-up studio fait de plus en plus parler de lui, on peut s’interroger sur les avantages qu’il présente pour les entrepreneurs. Voici quelques unes des raisons pour lesquelles il peut être judicieux de passer par un start-up studio :
Un accompagnement complet
En choisissant de faire partie d’un start-up studio, vous bénéficiez d’avantages non-négligeables, dont le fait d’être accompagné sur pratiquement tous les aspects qui constitueront votre projet entrepreneurial : des conseils, des experts à votre disposition, un financement assuré, un local, du matériel et bien d’autres encore.
Des coûts de lancement réduits
Toute la partie financière de votre projet est globalement l’objet de beaucoup moins d’inquiétudes ou de nœuds au cerveau : le start-up studio se charge d’investir dans les start-up qu’il lance. ll ne vous restera donc qu’à financer quelques charges et potentiellement des redevances, si vous évoluez au sein d’une usine à start-up qui fonctionne ainsi.
Une équipe multidisciplinaire
Faire naître des projets au cœur d’une usine à start-up, c’est aussi et surtout s’assurer d’avoir une équipe avec de nombreuses compétences à ses côtés ! Que vous ayez besoin d’un Growth hacker, d’un UX designer, d’un DAF ou d’un expert juridique, le start-up studio s’assurera que vous ayez tous les spécialistes qu’il faut à vos côtés pour vous assurer un développement stable et des prises de décisions éclairées.