Depuis 2 ans, Benjamin Dutreux pratique la voile en tant que skipper professionnel et participe à des courses au large, en solitaire ou plutôt avec son bateau « Team Vendée ».
Au cours de La Solitaire Bompard – Le Figaro 2016, Hub-Grade l’accompagne et nous avons pu l’interviewer brièvement et exclusivement avant son départ pour la troisième étape. Il y évoque sa passion pour la voile, ses moments au cours deux premiers étapes et ses souvenirs avec Brieuc Oger, notre fondateur.
Peux-tu s’il te plait, te présenter en quelques mots ? Ta carrière avant ? Comment es-tu arrivé là ?
Je navigue depuis que je suis tout jeune. Après j’ai fait de la compétition sportive mais plutôt sur des petits bateaux. D’ailleurs, c’est à l’université de Nantes que j’ai rencontré Brieuc. Puis j’ai travaillé 4 ans dans une entreprise qui fabriquait des bateaux et c’est là que j’ai voulu faire de la course au large, mon métier. Au début je ne connaissais pas grand chose et petit à petit je me suis mis dans le bain. J’ai intégré le centre d’entrainement Team Vendée que m’a permis de me former et d’apprendre les bases sur la course au large.
Depuis cette année, j’en ai vraiment fait mon métier. Et l’objectif de cette année c’est La Solitaire Bompard – Le Figaro.
A la base, j’ai toujours navigué en équipe et ce n’est que depuis l’année dernière que je navigue seul. C’est une démarche différente, gérer l’humain tout seul et se dépasser sans dépasser ses limites. Ce n’est pas évident tous les jours mais c’est un beau challenge.
Est ce que tu peux nous parler de ton bateau ? A-t-il un petit nom ? Ou des anecdotes ?
Mon bateau se nomme Vendée et pour les courses, c’est Team Vendée, le nom du partenaire principal.
Depuis 2 ans, on (Benjamin et son voilier Vendée) navigue ensemble, passe énormément de temps ensemble que ce soit sur l’eau ou à terre. Nous avons au fur et à mesure noué beaucoup de liens.
D’ailleurs, on m’a fait remarqué que quand je parle ou qu’on m’interview, je dis tout le temps « on » car je parle de mon bateau et moi. On fait une équipe. Je ne suis jamais seul, mon bateau est avec moi. Et je crois que c’est important d’avoir une bonne relation avec lui.
Mes préparateurs me laissent des petits cadeaux un peu partout dans le bateau et je les découvre quand j’avance… Une tablette de chocolat, un mot d’encouragement…ça permet de remonter le moral dans les moments difficiles.
Sinon, depuis le début, j’ai un petit lézard en mousse au dessus de ma table à cartes. (Rires)
Pour le moment, à ce stade de la course, quel est ton meilleur moment dans cette solitaire ?
Pour l’instant on a fait des étapes où le beau temps n’était pas au rendez-vous et à un moment, il y a eu une éclaircie et j’ai également rattrapé quelques places donc j’étais content. J’ai même pu faire sécher mes affaires. C’était un moment agréable de cette Solitaire.
Il y a eu aussi l’arrivée à Cowes (l’ile de Wight) en Angleterre. La culture de la voile y est très importante, c’est impressionnant de voir comme les anglais sont fans de voile… Les gens y sont particulièrement accueillants, conviviaux et sympathiques. C’était vraiment sympa…
Et quel est le pire moment ?
Le pire moment c’est évidemment sous la pluie. Quand je dois aller changer de voile, c’est-à-dire que je dois aller à l’avant du bateau, me faire rincer 5 minutes, revenir à l’arrière, changer la voile et retourner à l’avant pour me faire rincer une seconde fois. A chaque fois, j’essaye de retarder ce moment le plus possible. Et plus je le retarde et plus les conditions sont de pire en pire et difficiles.
Le pire moment c’est de prendre la décision d’y aller…
Tu as rencontré Brieuc Oger, notre fondateur, au cours de tes études à l’université de Nantes. Aurais tu une anecdote à nous raconter ?
Avec Brieuc on a navigué une année ensemble en équipage. Au début, nous n’étions pas très performants. Au fur et à mesure de l’année, on progressait et on arrivait au Championnat de France en mode « tranquille ». Et pour se motiver, on avait une phrase de force « On est les outsiders. ». Ça nous a fait progresser, on a passé toutes les qualifications et malheureusement on loupe de peu de gagner le championnat.
On était fiers, car du coup pour des outsiders c’était bien !
J’en ai une autre aussi, qui est bien. On est allé ensemble en Crête avec l’équipe de France Universitaire pour faire le Championnat du Monde de Match racing. Là on a rencontré du monde, des étrangers d’horizons différents et c’était des super moments qu’on a passé ensemble. Et je pense que c’est là qu’on s’est de mieux en mieux connu avec Brieuc.
Et enfin, qu’est ce qu’on peut te souhaiter pour la troisième étape ?
Pour la troisième étape, on va à la recherche du soleil… (Rires) On va navigué par chez nous, l’île dieu, La Rochelle… Ça va être des terres qu’on connait mieux donc pourquoi pas faire une « étape de la mort » : une arrivée sous le soleil dans le top 5, ça serait génial !
Le mot de Brieuc OGER, fondateur d’Hub-Grade :
Toute l’équipe et moi, on est vraiment très heureux d’accompagner Benj’ dans cette seconde Solitaire. Avec Benj’, on a un peu échangé cette année sur nos difficultés respectives. On évolue maintenant dans deux mondes très différents mais il y’a beaucoup de similarités entre l’entrepreneuriat et la gestion de projet sportif, alors on se comprend bien.
Un mot sur Benjamin ?
Avant tout, c’est un gros caractère, un dur au mal qui ne lâche rien. C’est aussi un touche à tout formidable, il sait à peu près tout faire sur un bateau et c’est l’une de ses grandes forces. On a vécu des beaux moments ensemble sur l’eau, j’ai le souvenir d’une nuit dantesque sur le Tour de France à la Voile 2011, entre Pornic et Royan avec des orages, des éclairs et des rafales de vent vraiment fortes, on avait eu chaud cette nuit là…
J’espère que Benj’ va bien finir cette Solitaire et qu’on le verra encore longtemps sur des circuits professionnels !