Marc, fondateur de la start-up Mudita, nous parle de son expérience au sein de la structure d’accompagnement The Family, connu pour son style avant-gardiste et son goût prononcé pour l’entrepreneuriat.
“J’ai rejoint The Family pour leur mindset et leur vision de l’entrepreneuriat que je partage.”
HUB-GRADE – Bonjour Marc ! Merci de bien vouloir répondre à nos questions sur The Family et son programme axé sur l’entrepreneuriat. Pourrais-tu premièrement nous en dire plus sur toi et ta société ?
Marc – Bonjour Hub-Grade ! Merci à vous de m’accorder cette interview !
Pour parler de moi, j’ai créé Mudita, logiciel de booking pour l’industrie de la musique en Octobre 2016. Mais avant cela, j’étais étudiant en école de commerce. Après avoir fait l’INSEEC, j’ai intégré l’EM Lyon dans un master spécialisé en entrepreneuriat, puis j’ai intégré l’incubateur de la même école de mai à octobre 2016, période durant laquelle j’ai créé un MVP, validé des problématiques avec nos potentiels clients, et surtout créé une équipe extraordinaire pour développer Mudita.
Pour parler de la start-up, Mudita est à ce jour un logiciel SaaS (Software as a Service) de gestion de booking pour les artistes, agents, managers, tourneurs dans l’industrie de la musique. Notre solution répond à une nécessité : aujourd’hui, 80% des revenus d’un artiste passent par ses concerts. Rares sont les artistes qui vivent du streaming, à moins qu’on ne s’appelle Beyoncé…
La plus-value de Mudita
Néanmoins 90% du marché utilisent des outils traditionnels types word, excel, google calendar, etc pour gérer leurs booking (gestion, administration, logistique, CRM, ..), ce qui résulte à une énorme perte de temps (plus de 4h pour gérer une date) et demande une rigueur et une organisation énorme. Ainsi Mudita leur permet d’être plus productif, mieux organisé et mieux collaborer sur leurs bookings pour développer la carrière de l’artiste. Grâce à Mudita, ils peuvent gérer leurs dates de concert de bout en bout, de la demande de booking au suivi du paiement.
Les prochaines étapes de Mudita
Notre logiciel n’est qu’une première étape, nous avons l’ambition de devenir un Doctolib de l’artiste, devenir une marketplace permettant à des organisateurs de simplement découvrir, trouver et booker des artistes professionnels.
Une première version du produit de notre logiciel a été sortie en mars 2017 auprès de plus de 100 professionnels (artistes, agents, managers,..), et nous avons commencé à commercialiser notre solution fin septembre 2017. Une version bêta de la marketplace devrait voir le jour en avril/mai 2018.
Aujourd’hui, nous avons un portefeuille de + de 350 artistes et 20 agences. Chaque mois, ce sont près de 300 dates qui sont gérées sur Mudita.
Je suis associé à Pierre Cordier (CTO) et Kevin Marlot (Webdesigner), et nous travaillons régulièrement avec des freelances développeurs. Mudita a été entièrement construit en remote (à distance), parfois sur 3 continents différents.
HUB-GRADE – On connait The Family pour son discours différent : il ne se définit pas comme un incubateur, un Venture Capital ou un accélérateur… Pourrais-tu nous dire comment définir The Family ? Qu’est-ce qui t’a plu au point d’intégrer leur programme ?
Marc – On a longtemps voulu (et on veut sans doute encore) travailler chez Google pour leur vision, leur culture… J’ai rejoint The Family pour leur mindset (ndlr: état d’esprit) et leur vision de l’entrepreneuriat que je partage.
Je dirais aussi qu’il y a beaucoup de parallèles à faire entre le monde de la start-up et le monde de la musique.
« Par exemple, une start-up en cours de création est soumise au même type de discours qu’un artiste qui démarre et gagne à être connu.«
Et en tant qu’artiste ou start-up, si on prouve, on devient intéressant et de plus en plus de personnes sont intéressées. On juge d’un commun accord que ce qui est réalisé vaut le coup.
The Family, c’est plus proche d’un accélérateur dans la forme, mais dans le fond, c’est une famille : plusieurs personnes qui forment un membre additionnel de l’équipe. Ils viennent d’ailleurs avec des réflexions, des questions qui nous poussent dans nos retranchements, nous forcent à prendre de la hauteur et à voir les choses sous un autre angle.
Intégrer The Family, c’est donc bénéficier de retours d’expériences, d’expertise, de soutien, d’un réseau… En grandes écoles, on fait très attention à ton CV. A The Family, c’est pareil, et on te prend encore plus au sérieux dès que tu as réussi à entrer (presse, investisseurs…).
HUB-GRADE – A quoi ça ressemble d’intégrer un programme tel que The Family ? A qui est-ce ouvert ?
Le mindset
Marc – Ce qui est marquant, c’est leur motto (ndlr. slogan, mantra) : “Anyone can be an entrepreneur”. Néanmoins “anyone” ne veut pas dire “everyone” il faut être ambitieux, viser l’excellence et avoir une volonté d’hyper croissance. Le plus important avant le produit c’est qui vous êtes, ce que vous avez dans les tripes, votre caractère, votre persévérance; ils cherchent des personnes qui seront rebondir quoi qu’il arrive.
Intégrer The Family, je dirais que c’est bénéficier d’une certaine exposition, une saine émulation avec d’autres personnes ayant (plus ou moins) le même parcours et d’un excellent réseau. On est beaucoup accompagné par un équipe qui ont accompagné des boites comme Save, Payfit, Captain Train, Side, Nestor, Algolia, Agricool et j’en passe. Si nous avons des questions en sales, design, product, marketing,… nous pouvons les solliciter à n’importe quel moment sur le slack ou en parler plus en détails en physique. ,
Cependant, il faut d’abord avoir prouvé quelque chose : un MVP (agl. Minimum Viable Product), voire plutôt un premier produit, un premier client… afin de leur prouver qu’il y a bien un besoin marché et qu’il peut exister sur le long terme.
Comment entrer à The Family ?
Ainsi donc, avant d’intégrer The Family, on passe des barrières.
Premièrement, on dépose un candidature sur le site. Tout est passé en revue : Business, problème, marché cible, solution, personnalité… et questions de goût et un peu de culture, pour voir si on peut fitter avec leur identité et vision.
Il y a sélection d’entreprises et de projets tous les 2 mois. Sur une moyenne de (je crois) 200 candidatures, 100 sont présélectionnées.
S’en suit une première rencontre par Skype avec Lorenzo chargé du Deal Flow, histoire de voir le fit humain. On n’y discute pas vraiment du produit.
Après cette première rencontre, on peut dire qu’un peu moins de la moitié (sur les 100) reste et est invitée pour une 2e rencontre soit physique soit par Skype. Enfin, la candidature est soumise au jugement des partners (Oussama Ammar, Alice, …), qui donnera sa décision. Le processus prend entre 3 et 6 semaines.
Une fois intégré, on est très accompagnés par un staff réactif et disponible, et entourés par des entreprises du même batch (promo). On nous donne également un tas d’éléments pour travailler dans les meilleures conditions : réseau, avocat, Slack, ressources… Le travail est mâché sur bien des aspects. On peut donc bien se concentrer sur notre business.
HUB-GRADE – Décris-nous une de tes journées types au sein de cette organisation.
Marc – On a intégré The Family en décembre 2017, c’est donc très frais. On a pas vraiment encore les deux pieds dedans.
Mais en gros, j’arrive le matin, je bosse sur le projet et si j’ai besoin, le staff de The Family est disponible. Sinon en soi, on travaille en relative autonomie. On a des comptes-rendus toutes les 2 semaines.
Pour le côté sympa, des évènements sont organisés. Par exemple, prochainement, on aura un WE d’intégration. Ce ne sera pas un bootcamp, mais ce sera pour apprendre à connaître les autres boîtes de mon batch.
HUB-GRADE – Quelle est ta vision pour ta start-up ? Dans quelle mesure The Family peut-elle t’accompagner ?
Marc – Comme je le disais tout à l’heure, Mudita a pour ambition de devenir le Doctolib de la musique. Il permettra de facilement découvrir, trouver, booker un artiste (professionnel) , et de suivre l’avancement du booking, côté organisateur cette fois-ci (concrètement a quelques choses prêt offrir un SaaS aux organisateurs, similaire à celui que nous avons fait pour les artistes,agents,managers). Nous continuerons évidemment à améliorer la solution pour les artistes, agents, managers afin de toujours leur offrir une meilleure expérience.
Nous avons également pour ambition de devenir un média musical, une sorte de Resident Advisor du booking.
The Family apporte des savoirs supplémentaires, par leurs formations, leurs ateliers et les réponses qu’ils apportent.
Par exemple, je me souviens avoir eu des question sur les rachats de part, quand mon premier associé est parti. J’ai eu le support de The Family d’entrée de jeu. Du coup, c’est la même chose pour tout ce qui concerne les questions légales, Sales, marketing.
En cas de besoins de recrutements, The Family a aussi un vivier de talents à disposition grâce à sa formation Lion.
HUB-GRADE – Selon toi, à quoi ressemble l’espace de travail idéal ? De quoi as-tu besoin pour bien travailler ?
Marc – Bonne question…
Pour moi, il n’y a pas de réponse fixe. Tant qu’il est possible pour moi de travailler au calme, en étant concentré, avec mon ordinateur et du réseau, ça me suffit.
La réponse sera encore différente, étant donné qu’on travaille beaucoup en remote avec Mudita. Ce qui nous pousse à adopter une certaine flexibilité, à être également performant dans l’exécution et la communication au sein de l’équipe. Par extension, si tu bosses mal, ta boite n’existe pas.
Cependant, en cas de forte croissance, nous serons inévitablement amenés à devoir travailler dans les mêmes locaux.
Pour résumer, je dirais que l’espace de travail idéal est un endroit de passage, de transition. C’est comme les réunions : pas besoin d’en faire tous les jours, c’est du temps gâché pour réellement exécuter et avancer. (ndlr. aka La réunionite)
On y va à un moment où on est assez frais, disponible, motivé et porté par l’envie de travailler…
N’étant pas du matin, je n’aimais pas la rigidité des entreprises pour qui j’ai pu travailler dans le passé qui m’obligeaient à venir et partir à une heure précise. Personnellement je sais quand je suis productif, quand je suis créatif, .. et c’est pas à 8h… ! 😉
HUB-GRADE – As-tu déjà travaillé dans un espace de travail aussi innovant que le coworking ? Si oui, quelle a été ton expérience ?
Marc – Oui, j’ai pu travailler 3 à 4 mois au NUMA à Paris, et je sais bien ce qu’est le coworking… Et je pense qu’est un super espace de travail… Quand on respecte le silence.
Il y avait donc 70 à 80 personnes en coworking, à l’espace où je travaillais. Ca s’est globalement bien passé, mais il y avait peu de relation humaine par moments, chacun étant focus sur ce qu’il fait… Il y a donc très peu de partage entre les entreprises.
Bon j’avoue… je n’allais pas forcément voir les autres, car concentré à exécuter sur Mudita plutôt qu’a jazzer a droite à gauche. (1 fois par semaine à la rigueur…).
HUB-GRADE – Pourrais-tu nous partager ta vision de la QVT ?
Marc – Je pense que la QVT dépend du management de l’entreprise dans laquelle elle est pratiquée. Par exemple, celui de Google reste le plus influent (notamment sur les start-ups) et innovant. Il permet une communication fluide et participative : tout le monde à la parole (jetez un coup d’oeil à ce documentaire) ! On dépeint ainsi souvent une organisation démocratique où tout le monde parle, avec un management horizontal, on ne sent pas de hiérarchie…
Cette QVT va aussi dépendre du cadre de vie offert ainsi qu’aux avantages offerts aux employés : qu’il s’agisse de nourriture le matin, organisation d’une session sport, des places de cinéma… Pour moi, elle ne se cantonne pas qu’à ce qu’on fait au travail. La QVT accompagne l’employé avant, pendant et après le travail.
HUB-GRADE – Comment va-t-on travailler dans 50 ans ?
Marc – Je suis convaincu que le capitalisme sera mort, une conscience générale et une opinion publique orientées vers l’économie des ressources… (je vous recommande mon documentaire préféré sur le Projet Venus de Jacques Fresco)
Presque à la manière d’une vision communiste, les ressources serait mutualisées et équitablement réparties.
D’autres choses vont également influencer le déroulement du travail dans 50 ans : avènement de l’IA et automatisation, donc disparition d’emplois, sans parler de la blockchain et les cryptomonnaies qui vont radicalement bouleverser les entreprises et l’économie. Le réchauffement climatique, les flux migratoires sont également à prendre en considération. Nous sommes une espèce qui ne fait que réagir au problème qu’il a face à lui.. Tout cela ne sera sans doute pas pareil.
Pour moi, le rôle que nous aurons dans la société sera de mettre à profit notre créativité et non pas d’exécuter des tâches répétitives tel des robots.
—
Merci à Marc pour ces brillantes réponses !