La cobotique dans le monde du travail

Se faire assister par un robot dans son travail : un scénario de film ? Pas du tout, c’est déjà une réalité avec la cobotique. Le terme, issu des mots “coopération » et « robotique », induit une collaboration entre un homme et un robot. Si les usines y ont régulièrement recours pour des tâches répétitives ou nécessitant un trop gros effort, le tertiaire se montre encore réticent. Pourtant il semblerait que cette technologie puisse offrir de nombreuses opportunités en termes de confort et de bien-être au travail pour les espaces de coworking, les TPE, les PME et les startups. Mais concrètement de quoi s’agit-il et comment la cobotique est-elle utilisée en entreprise ? Est-il vraiment possible de travailler main dans la main avec un robot et quelles en sont les limites ? À quoi pourrait ressembler le bureau de demain avec des robots collaboratifs ? Nous nous sommes penchés sur le sujet pour vous !

La cobotique dans l’entreprise

Qu’est-ce que la cobotique ?

Le terme cobotique est apparu pour la première fois en 1996 dans les écrits de deux professeurs américains, associés de l’Université de Northwestern (Illinois, USA), Michael Peshkin et Edward Colgate, alors chargés de recherches co-financées par la National Science Foundation et la General Motors Foundation. À l’issue de ces dernières, un système de portage vit le jour, dédié aux pièces lourdes et volumineuses et offrant une meilleure précision à celui qui le maniait. Les deux chercheurs avaient, en effet, constaté qu’un robot classique n’était pas capable d’atteindre les mêmes résultats.

C’est ainsi que la cobotique s’est invitée dans les usines avec pour objectif d’assister l’homme dans les missions pénibles et répétitives et lui permettant ainsi d’avoir davantage de temps pour des tâches à plus forte valeur ajoutée. Le cobot offre également la possibilité de réaliser des missions jusqu’ici impossibles : le port de charges lourdes, brûlantes ou la réalisation d’opérations complexes. Toutefois, contrairement à la robotique traditionnelle, l’intervention humaine est nécessaire. La machine ne remplace donc pas l’homme. Mais, concrètement comment cela se passe en entreprise ?

Comment s’applique la cobotique dans le monde de l’entreprise ?

Patrick Mariage, à la tête de l’entreprise Actemium Poissy (marque industrielle du géant VINCI Énergies) est l’un des pionniers français de la cobotique. Pour lui, “c’est un moyen (…) de leur donner un outil qui puisse les soulager (les opérateurs) et les décharger de toutes les tâches pénibles, afin qu’ils puissent gagner en ergonomie tout en évitant les troubles musculosquelettiques (TMS). (…) L’Homme travaille directement en contact avec la machine, ou dans un environnement proche où il peut interagir – ou non – avec elle.” Nous sommes donc loin d’un robot industriel traditionnel que l’on peut parfois voir dans les industries et qui ne nécessite aucune intervention humaine. 

Si les secteurs de l’aéronautique et de l’automobile ont été les premiers à y avoir recours, une vaste campagne de communication a été faite par l’État, mais aussi d’autres organismes tels que le Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Les industriels sont donc bien informés et la cobotique se retrouve dans de nombreuses autres activités : médecine et santé, transport terrestre, construction navale, agroalimentaire… On la retrouve aussi désormais dans les nouvelles technologies ou encore la lunetterie. Le cabinet de conseil étudiant toulousain Escadrille, identifiait 3 types de cobots :

  • Les cobots de proximité ;
  • Les cobots pilotés à distance ;
  • Les exosquelettes. 

Dès lors, on imagine sans mal l’usine du futur. Une révolution du monde du travail qui pourrait s’étendre à de nombreuses autres activités. Ainsi, selon l’article du Monde “Mobilisation pour l’usine du futur, dernière chance pour l’industrie française”, les investissements dans les robots industriels auraient augmenté de 30 % en 2017.

Il reste néanmoins tout un travail à faire, notamment en matière d’accompagnement à la politique du changement pour convaincre certaines entreprises et opérateurs. De fait, si les avantages sont certains, il semble que les risques encourus freinent encore certains utilisateurs. Son apparition semble avoir fait émerger de nouveaux enjeux en termes de sécurité au travail.

Les avantages et les risques de la cobotique

Les avantages

À l’heure où la digitalisation est plus que jamais importante dans un monde en pleine crise économique, la cobotique s’avère essentielle pour favoriser la performance des industries françaises. La liste de ses avantages est longue, même si nous en avons déjà cité quelques-uns : 

  • Économie du temps de travail grâce à l’autonomisation de plus en plus grande des robots et à la naissance de la cobotique ;
  • Flexibilité et communication amplifiées ;
  • Pénibilité du travail réduite ;
  • Limitation des accidents du travail dans les industries principales.
  • Diminution de la charge physique et donc des risques de TMS (troubles musculosquelettiques), le robot assumant la manutention principale dans les emplois manufacturiers. Or, les TMS sont la première cause de maladie professionnelle de ce secteur. 

Néanmoins, l’utilisation d’un robot collaboratif nécessite une interaction humaine, ce qui n’est pas sans risque. 

Les risques

Certains industriels ne sont pas convaincus par les avantages apportés par la cobotique, notamment en matière de TMS. En effet, selon l’enquête de l’INRS menée en mars 2018, « Robotique collaborative : perception et attentes des industriels« , les freins à l’investissement dans ce type de technologie sont encore nombreux. Parmi ceux cités on retrouve : 

  • La réduction des espaces de travail peu probable face à la nécessité d’augmenter les distances de sécurité  ; 
  • « La limitation des vitesses de déplacements ou la diminution de la charge utile » souvent insuffisante ; 
  • « Les arrêts ou les ralentissements intempestifs » de la machine pouvant nuire à la productivité. 

Également, des risques liés à une mauvaise performance des cobots ou à des dysfonctionnements peuvent être mentionnés, mettant en danger la personne en charge de son maniement. 

Enfin, des problèmes en lien avec la gestion de l’entreprise peuvent survenir : 

  • Le risque de rendre plus floue encore la frontière entre vie privée et professionnelle du salarié, lorsqu’un robot est installé à domicile ;
  • Un manque d’accompagnement des travailleurs pour les nouvelles technologies ;
  • Un risque de conflit entre employeurs et employés si l’autonomisation des procédures fait craindre à ce dernier son remplacement par un cobot. 

Une analyse des risques sera donc à envisager avant tout investissement pour éviter les problématiques diverses que peuvent entraîner l’usage de ce type d’outil, y compris dans les bureaux de demain

Perspectives : comment la cobotique et le bureau peuvent-ils cohabiter ? 

Une robotisation encore peu effective dans les entreprises

Comme nous avons pu le voir, le tertiaire est jusqu’ici peu familier de la cobotique. La France accuse d’ailleurs un net retard par rapport sur le plan mondial et européen. Ainsi, selon une étude de l’IFR (la Fédération internationale de robotique), avec 127 robots pour 10 000 salariés dans le secteur manufacturier en 2015, la France se plaçait au 14ᵉ rang mondial, derrière les leaders européens (Suède, Danemark et Allemagne). Pourtant, les mutations technologiques en cours et à venir devraient bientôt transformer le monde du travail. Zoom sur l’arrivée de l’intelligence artificielle (IA) dans nos bureaux. 

Parmi les cobots utilisables aussi bien en usine qu’en PME, on retrouve Sawyer, un bras robotisé pivotant permettant de réaliser de nombreuses tâches fastidieuses : détecter une panne, emballer des produits, visser des pièces…

De même, les entreprises à la pointe en matière de cobotique sont les prestataires de la propreté en industrie à condition qu’il y ait peu d’obstacles sur le passage de la machine, ce qui réduit considérablement les possibilités.  

Pourtant, malgré un usage marginal (et souvent expérimental) en bureau, il semble que le bien-être au travail soit au centre des préoccupations de la cobotique. Une bonne nouvelle durant cette crise sanitaire

Quand les cobots accompagnent les entreprises vers le bien-être au travail 

Aujourd’hui, dans les bureaux, les cobots sont majoritairement utilisés pour le confort des personnes présentes. Un atout pour les space manager des espaces de cowoking ? De fait, divers paramètres sont étudiés et modulés en fonction des besoins tels que la qualité de l’air, la luminosité ou encore le niveau sonore. Les espaces peuvent également être optimisés en fonction de l’occupation du moment, mais aussi du profil des personnes et de l’usage qui en est fait habituellement. 

Philippe Conus, directeur de la marque VINCI Facilities, travaille actuellement à l’élaboration de robots serviciels et multifonctions pouvant intervenir sur des tâches répétitives. L’occasion pour les gestionnaires de space work de se focaliser sur des tâches à fortes valeurs ajoutées. Ses fonctions ? Le guidage des visiteurs, le comptage des personnes, l’inventaire, la détection d’objets inappropriés… Un vaste programme qui devrait séduire les adeptes des outils de gestion d’espaces de travail partagés sur mesure comme Corner

Le management du futur

Managers, vous avez trop d’informations à traiter et vous auriez bien besoin d’une aide à la prise de décision ? Un robot assistant serait parfois le bienvenu. C’est l’objectif de Project Debater. Si cette intelligence artificielle ne prend pas en compte les sciences cognitives, elle représente néanmoins un allié au quotidien puisqu’elle est capable de scanner 300 millions de documents, de participer à des discussions, d’argumenter et de débattre grâce à des exemples et de citer ses sources. Tout cela en dix minutes ! Une véritable révolution pour le management du futur. 

Vous l’avez compris, la France, en dépit de son retard, a déjà converti de nombreuses industries à l’utilisation de la cobotique. Ses nombreux avantages lui permettent aujourd’hui de se créer une part de marché de plus en plus importante malgré les risques identifiés comme des freins pour certains utilisateurs. Les bureaux et le secteur tertiaire pourraient néanmoins se laisser séduire par les innovations en cours et à venir qui accordent une place importante au bien-être au travail. TPE, PME, coworking, c’est le moment d’y penser ! N’hésitez pas également à consulter nos articles de blog sur le coworking et la vie de bureau afin d’alimenter vos réflexions.

Photo de ThisisEngineering RAEng sur Unsplash.

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