Retour au bureau ou généralisation du télétravail : l’état des lieux fin 2022

Télétravail, retour au bureau, télétravail, retour au bureau… La danse est infinie : on voit fleurir partout sur Internet des articles annonçant que les salariés ne veulent pas revenir au bureau malgré les demandes de leurs employeurs ou encore que les entreprises ne savent plus quoi faire pour faire revenir leurs salariés au bureau.

Mais nous savons tous, pour le vivre au quotidien, que la réalité est bien moins manichéenne. Elle est d’ailleurs rendue encore plus floue avec les dernières recommandations gouvernementales ayant pour objectif de réduire la consommation énergétique des entreprises.

La valse des 3 temps du télétravail

Dans un premier temps, suite à la crise du Covid et aux conditions sanitaires qu’il a imposé, la mise en place du télétravail s’est imposée comme une obligation pour les professions éligibles. Dans un deuxième temps, le travail à distance s’est intégré petit-à-petit dans nos mœurs (même dans la fonction publique !) et il a semblé normal pour les entreprises, de proposer des jours de télétravail à leurs salariés, afin qu’ils ne se trouvent fort dépourvus d’avantages et de conforts qu’ils avaient pris l’habitude d’intégrer à leurs quotidien. Enfin, dans un troisième temps que nous vivons actuellement, le constat divise de plus en plus.

Aujourd’hui, les GAFAM – qui pourtant sont à l’origine de la popularisation du concept – soutiennent en majorité un retour sur site complet ou une grande partie de la semaine. Généralement, les startups, plus avant-gardistes, misent sur le fait de donner toujours plus de flexibilité aux collaborateurs dans leur travail, en leur laissant le choix de leur lieu de travail. Depuis chez eux, depuis n’importe quel tiers-lieu, ou même d’adopter le Workation (ou full remote) et de partir travailler depuis un autre pays.

Fin 2022, le sujet est clivant dans le secteur privé et source de tensions. Les pratiques divergent selon les entreprises, mais aussi selon les pays. L’occasion pour nous de faire un bilan des bons et mauvais côtés du retour au bureau et du télétravail, et de poser une image plus claire de ce vers quoi nous tendons pour l’avenir.

Femme en télétravail, devant son ordinateur
Unsplash @Annie Spratt

Ce que dit la loi sur le télétravail

Le code du travail ne nous apprend rien ici. Le télétravail obligatoire n’est plus en vigueur depuis que la crise sanitaire n’est plus critique, il appartient donc à chaque entreprise de décider de sa politique de télétravail. C’est bien souvent dans les textes d’accords d’entreprises ou par charte que les droits concernant le télétravail seront évoqués.

Un employeur peut donc totalement refuser le télétravail à un salarié qui occupe un poste permettant d’en bénéficier. Cependant, il devra obligatoirement motiver son choix auprès du salarié et démontrer que ses tâches sont incompatibles avec la pratique du télétravail. L’employeur doit également organiser un entretien annuel avec ses employés pour revenir sur les conditions de travail.

Quels sont les droits du salarié en télétravail ?

Simple : les règles sont les mêmes. Un salarié en télétravail bénéficie des mêmes droits individuels et collectifs que l’ensemble des salariés de l’entreprise :

  • Accès à la formation ;
  • Respect de la vie privée (ce qui est d’autant plus important ici) ;
  • Santé et sécurité au travail ;
  • Accès aux activités sociales de l’entreprise, aux avantages sociaux tels que les titres restaurant, remboursement du titre de transport, chèques vacances, etc…

Un salarié, dans le cadre du télétravail, peut prétendre aux mêmes droits qu’un salarié présent à temps plein dans les locaux. Ses droits, sa rémunération, ses congés payés, sa charge de travail et son temps de travail ne doivent pas être impactés par le lieu dans lequel il exerce son métier.

Les télétravailleurs bénéficient également d’une affiliation au régime général de protection sociale ainsi qu’au régime de retraite complémentaire. Le salarié peut également demander le remboursement des frais liés au télétravail.

Les télétravailleurs ont des droits, mais aussi des obligations. Comme tous les salariés, les télétravailleurs doivent respecter les obligations fixées par leur employeur et s’exposent à des sanctions disciplinaires (comme l’avertissement ou encore la mise à pied) en cas de non-respect.

Grandes entreprises VS startups : deux salles, deux ambiances

La tendance qui semble ressortir depuis le début quand on parle de télétravail ou de revenir dans les locaux, c’est que les grandes entreprises sont plus frileuses de laisser leurs salariés livrés à eux-mêmes à leur domicile.

Les Grandes entreprises peinent à prendre le pas du télétravail…

Là où les GAFAM, à l’instar d’Apple, imposent à leurs salariés de revenir à minima 3 jours par semaine au bureau, les startups accordent plus de liberté à leurs collaborateurs. Elon Musk, lui, a fait sensation il y a quelques mois en imposant à ses salariés de revenir sur site au moins 40h par semaine. Zéro dialogue social possible.

… Mais ce n’est pas une généralité

Cette version affichant à quel point les géants de l’industrie sont réfractaires au télétravail est à nuancer. Le marché du travail est fragile et les entreprises le comprennent de plus en plus : pour garder leurs talents, leur proposer de la flexibilité est la clé.

Côté GAFAM, Meta (qui regroupe Instagram, Facebook et WhatsApp) autorise ses salariés à pratiquer le travail à distance comme bon leur semble. Airbnb, eux, autorisent leurs salariés à travailler d’où ils le souhaitent et jusqu’à 3 mois par an dans 170 pays de leur choix !

Au-delà du fait que la taille de l’entreprise semble avoir un impact sur l’acceptation de la pratique du télétravail, la nuance se fait plutôt d’un État à l’autre. Pour une fois, les États-Unis ne semblent pas être avant-gardistes en la matière, contrairement à la France, où cette pratique est déjà bien intégrée et amenée à persister.

Si vous faîtes partie des entreprises qui doutent encore sur leur politique de télétravail, ce qui suit liste plusieurs points à prendre en compte.

La sécurité des données en télétravail

C’est l’un des sujets qui a posé le plus de soucis avec l’arrivée soudaine du télétravail. En travaillant de chez soi ou depuis des tiers-lieux, il est possible que les connexions ne soient pas privées ou plus facilement piratables.

Un problème pour les entreprises avec une activité qui amène à échanger des informations confidentielles, comme des données stratégiques ou des données client. Il en va de la sécurité et de la réputation de chaque entreprise de faire en sorte que le télétravail n’impacte pas la sécurité des données.

L’employeur a l’obligation d’informer le salarié en télétravail si des restrictions d’usage de matériel, d’outils informatiques, de logiciels et de services de communication électroniques, lorsque celui-ci travaille depuis un autre endroit que le bureau. Il doit ainsi utiliser les outils nécessaire pour protéger son activité et ses données clients (VPN, etc.) L’employeur doit également prévenir le salarié des sanctions encourues en cas de non-respect de ces restrictions.

Ordinateur montrant des données
Unsplash @Carlos Muza

Attentes des collaborateurs

Flexibilité

Qu’on le veuille ou non, le futur de nos modes de travail se dessine de plus en plus précisément, et ce n’est pas en faveur du retour au bureau. Les récents événements ont apporté un questionnement des collaborateurs sur leurs propres aspirations.

Aujourd’hui, les salariés se questionnent sur le sens de leur travail, sur leur qualité de vie et attendent des réponses concrètes de la part des employeurs. Une de ces attentes concerne bien entendu la flexibilité.

Selon une étude réalisée par LinkedIn, les statistiques sont claires : 87% des salariés souhaitent conjuguer travail et flexibilité, c’est-à-dire être en télétravail au moins la moitié du temps ! Le résultat ? Les collaborateurs qui ont la flexibilité souhaitée sont en moyenne 2,6 fois plus heureux de travailler pour leur entreprise. Cette flexibilité est souhaitée car elle permet à chacun de pouvoir beaucoup mieux arbitrer entre vie pro et vie perso.

Bien-être au travail

Le bien-être au travail est un sujet vital pour toute entreprise. Il n’est plus à démontrer qu’un salarié heureux et motivé est un salarié beaucoup plus efficace et productif. Pour une majorité de salariés, choisir ses conditions de travail optimales est le meilleur moyen de pouvoir se décharger d’un stress superflu et d’allouer son attention à ses missions.

Attention cependant, il n’est pas rare qu’en télétravail, certains salariés soient moins productifs. Entre les nombreuses distractions et le simple fait de n’avoir personne à côté de soi pour nous surveiller, les tentations de tourner à moindre régime sont nombreuses, et il est facile d’y succomber.

Elon Musk lui-même soulevait ce problème dans son mail assassin envoyé à ses employés de Tesla en Juin 2022. Son point ? « Les grandes réussites ne se font pas par téléphone » et les adeptes du télétravail devraient « faire semblant de travailler ailleurs. »

Malgré le ton volontairement peu subtil et un tantinet exagéré, c’est un problème qui existe et qui est parfois difficile à identifier. Là où de nombreuses études démontrent que le télétravail favorise la productivité grâce à la meilleure gestion de vie qu’il apporte, de nombreuses entreprises, notamment de grande taille, favorisent un retour au bureau car elles pensent, à l’instar d’Elon Musk, que c’est bien ici qu’ils pourront donner le meilleur d’eux-mêmes.

Phénomène plus grave, le télétravail permet aussi de masquer le « silence quitting« , la fameuse « démission silencieuse », qui consiste à faire le minimum au travail.

Social

Le bureau, c’est la convivialité, les collègues, les blagues potaches du midi et aussi des moments d’échanges et de réflexion sur les projets… En tout cas, nous vous le souhaitons. Finalement, si l’on va au bureau, c’est donc pour travailler mais aussi pour partager une journée avec ses collègues et avancer tous ensemble sur le projet et les objectifs.

À l’inverse, lorsqu’il était obligatoire, le télétravail a amené beaucoup de solitudes aux salariés. Même si les tiers-lieux sont nombreux et qu’il est possible de travailler en rencontrant de nouvelles personnes, les salariés en télétravail ont moins d’interactions ce qui peut affecter négativement le moral et la productivité.

Espaces de travail

Le retour au bureau est envisageable pour beaucoup de salariés, que ce soit totalement pour certains ou partiellement pour d’autres, mais pas aux mêmes conditions qu’avant.

Aujourd’hui les collaborateurs attendent de l’évolution dans leurs espaces de travail. Maintenant qu’ils ont connu le confort du travail à distance, depuis leur domicile, sans avoir à affronter les transports, les embouteillages et à devoir se lever plus tôt, il est difficile de les faire revenir au bureau sans aménagements.

Ce que les collaborateurs attendent, c’est plus de confort et d’équipements. Du meilleur mobilier, de meilleurs outils pour travailler et, au global, un espace de travail plus attractif. C’est la raison pour laquelle de nombreuses entreprises copient aujourd’hui le modèle du coworking avec des espaces de travail beaux, favorisant les open spaces pour les échanges et la communication et avec plusieurs services qui rendent la vie au travail plus douce.

Droit à la déconnexion

La crise du Covid a eu impact technologique sur le développement des entreprises. Elle a accéléré la transition numérique et a permis à de nombreuses entreprises de mieux s’équiper en conséquence et de repenser leurs process. Une digitalisation nécessaire afin de faire face au travail à distance sans perdre en efficacité.

Cependant, cela a fortement augmenté le temps moyen passé devant les écrans, que ce soit devant la télévision, le téléphone, la tablette ou bien l’ordinateur, en plus de limiter notre vie sociale. Une hyper-digitalisation survenant tant au travail, que dans notre vie personnelle.

En ce sens, afin de vraiment déconnecter, les salariés requièrent un réel temps hors de toute interaction avec l’entreprise et ses activités. Dernier exemple en date, au Portugal où depuis novembre 2021, les entreprises ne sont plus autorisées à solliciter leurs collaborateurs par e-mail, message ou téléphone en-dehors des heures de travail.

Les enjeux environnementaux

Ce sont des enjeux phares du moment, l’écologie et l’énergie. Sur le sujet de la consommation de ressources, le secteur du travail a bien évidemment sa carte à jouer.

Homme tenant une plante
Unsplash @Jan Kopriva

Se déplacer au bureau

Sur ce point il semblerait que le télétravail soit le grand gagnant. Difficile d’être plus proche de son bureau quand la seule distance à parcourir est un couloir ou un escalier : pas de voiture, pas de transports en commun !

Travailler au bureau implique de s’y rendre, et pour de nombreux collaborateurs le choix s’arbitre entre ces deux modes de transports. Avec les sujets énergétiques actuels comme les potentielles coupures de courant à prévoir et le manque de carburant, le télétravail semble être une solution viable pour faciliter la vie des collaborateurs tout en ayant un impact sur la consommation d’énergie.

À noter également l’existence des tiers-lieux, permettant aux collaborateurs qui le peuvent de faire du travail à distance dans un autre endroit, entre l’entreprise et le domicile et souvent à proximité de ce dernier.

C’est une solution mise en œuvre par celles et ceux ne pouvant ni aller au bureau, ni travailler depuis chez eux (pour des raisons techniques, matérielles ou sociales). Ces tiers-lieux, à l’image des espaces de coworking, sont un excellent compromis, même si pour le moment, des études tendent à démontrer qu’ils ne réduisent pas l’usage de la voiture.

Consommation d’énergie

Pour l’hiver qui arrive, le Gouvernement a annoncé son plan sobriété énergétique, ciblé pour la fonction publique, afin de faire face aux problèmes d’approvisionnement en gaz et électricité.

Le Gouvernement encourage également les entreprises à recourir au télétravail pour limiter les déplacements, mais aussi la consommation d’énergie des bureaux à travers le chauffage notamment.

Une économie d’énergie évidente pour les entreprises, mais qui se déverse chez les salariés qui voient leur facture augmenter. Même si cette solution n’est pas parfaite, deux enquêtes respectives d’Owl Labs et de Deloitte confirment que travailler au bureau coûte deux fois plus cher aux salariés que le travail à distance.

Régulateur de température
Unsplash @Dan Lefebvre

Recrutement

Dans un marché du travail tendu, toutes les occasions de conserver les talents dans son entreprise sont bonnes à prendre. Pour ça, tenir compte des nouvelles attentes des collaborateurs évoquées plus haut est une bonne chose à faire.

Aujourd’hui, les entreprises qui se montrent en faveur du télétravail ont une image plus attrayante. Travailler sa marque employeur est essentiel pour matcher avec la demande. Il faut être conscient qu’être en faveur du télétravail et y laisser une place dans un accord collectif est un élément clé pour être en phase avec les nouvelles attentes des salariés et potentielles futures recrues.

Du travail hybride, fait pour durer

Le constat semble clair à la lecture de cet article : entre travailler au bureau ou à distance, aucun mode de travail ne prend totalement l’ascendant sur l’autre, la tendance est au travail hybride. C’est-à-dire, un mix entre présentiel et travail à distance, soit depuis le domicile ou un tiers-lieu.

Des salariés mieux équipés pour travailler à la maison

Durant la crise sanitaire, le télétravail s’est progressivement organisé tant du côté des salariés que des entreprises. À la fin de l’année 2021, plus de 60% des télétravailleurs disposaient déjà d’un aménagement spécifique à leur domicile, que ce soit une pièce dédiée au travail pour environ 30% d’entre eux (+7 pts par rapport à 2020), du mobilier de bureau adapté pour environ 45% des télétravailleurs (+9 pts par rapport à 2020) et surtout du matériel technique pour plus de 60% d’entre eux (+8 pts par rapport à 2020). 

Les conditions de travail à distance ne sont pas précaires et de nombreux salariés sont en condition d’exercer leur métier sans aucun souci. De fait, de plus de 80% des télétravailleurs estiment travailler dans de bonnes conditions et sont heureux de cette situation.

Un besoin de limiter notre impact écologique

Même si les chiffres restent à étudier, implémenter le télétravail plus durablement limiterait les déplacements, notamment l’usage de la voiture, surtout dans les lieux où les transports en commun sont moins développés.

Le souhait du travail hybride

Si ce mode de travail a vocation à persister, c’est surtout parce qu’il est le souhait des salariés. En majorité, les salariés souhaitent retrouver l’aspect social du bureau et profiter de l’arrivée du télétravail pour mieux organiser leur vie. Le mix entre travailler sur site et également faire du télétravail plaît et convient dans une vaste majorité des cas.

Les atouts sont multiples : la flexibilité qu’apporte ce nouveau mode de travail plaît à 86% des travailleurs. Une diminution de la fatigue physique se fait également ressentir pour 85% deux, avec au global, une amélioration du bien-être et de la santé mentale et physique pour 82% des travailleurs.

Renouveau des méthodes de management

Enfin, le travail hybride implique un management différent, basé sur la confiance et l’autonomie. Si les collaborateurs ne travaillent pas du même endroit, il est difficile, voire impossible d’avoir l’œil partout.

Les efforts doivent se porter sur une communication plus claire, efficace, et également sur une meilleur répartition des missions et responsabilités. Plus facile à dire qu’à faire, ce changement rend frileux 48% des managers qui estiment que le télétravail rend leur posture plus complexe à cause du manque d’échanges informels et rend plus difficile le maintien d’une cohésion d’équipe.

Les managers reconnaissent néanmoins une meilleur autonomie et productivité des collaborateurs et une nette amélioration de leur bien-être au travail.

Au final, que l’on parle du bureau ou du télétravail, aucun des deux modes n’est parfait. C’est pour cela que nous sommes dans l’ère du travail hybride, qui essaie de tirer parti des forces de chacun de ces modes. Le travail hybride implique de faire des efforts pour repenser nos méthodes de travail et de management, mais l’implémenter aura un impact positif sur tous les aspects de l’entreprise.

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