Manager différemment grâce à l’intelligence émotionnelle

Après avoir longtemps été sommés de “laisser leurs émotions chez eux” quitte à paraître distants, les managers sont désormais conviés à faire appel à l’intelligence émotionnelle pour gérer leurs équipes et à devenir de véritables leaders. Autant dire qu’on leur demande de prendre un virage à 180° ! Et qu’ils ont intérêt à ne pas le rater car les entreprises sont de plus en plus friandes de cette approche… Pourquoi ? Tout simplement parce que tous les spécialistes leur répètent que cette nouvelle forme de management regorge de bénéfices pour elles… Bien qu’il y ait tout de même quelques écueils à éviter. 

Mais qu’est-ce que l’intelligence émotionnelle exactement ? Et comment les managers peuvent-ils la développer ? Nous avons interrogé une psychologue, psychothérapeuthe et art-thérapeuthe parisienne, Laëticia Sieffermann, pour nous éclairer sur le sujet.

L’intelligence émotionnelle, c’est quoi exactement ?

Il est intéressant de définir l’intelligence émotionnelle par rapport à ce qu’elle n’est pas. C’est-à-dire qu’on parle toujours beaucoup d’un quotient intellectuel, d’une intelligence cognitive donc, alors que l’intelligence émotionnelle est plutôt celle qui va être liée aux relations humaines.”

Laëticia Sieffermann, psychothérapeuthe et art-thérapeuthe

Au passage, elle rappelle également que l’être humain est “un être d’émotions et de relations” et que son intelligence émotionnelle commence à se développer dès son plus jeune âge. En effet, les interactions qu’il entretient avec les autres durant sa tendre enfance lui permettent déjà d’acquérir des compétences sociales qui lui seront utiles dans de nombreuses situations. Y compris au sein de l’entreprise… 

Bonne nouvelle donc : nous sommes tous déjà dotés d’une intelligence émotionnelle plus ou moins développée. Quand elle est bien exploitée, elle nous permet donc de mieux gérer nos émotions et celles des autres. Ce qui peut la rendre aussi importante, voire plus, que le fameux QI qui a été porté aux nues pendant des années. 

Au final, cela rejoint les propos de Daniel Goleman, le psychologue américain qui a popularisé le concept d’intelligence émotionnelle dans les entreprises grâce à son essai “Emotional Intelligence : Why It Can Matter More Than IQ” publié pour la première fois en 1995 !

Les grands piliers de l’intelligence émotionnelle que tout manager doit connaître

Depuis les premiers travaux de Daniel Goleman, le concept d’intelligence émotionnelle s’est bien développé dans le domaine du management… Dans un élan de générosité, nous ne vous présentons donc pas 4, ni 5 mais 6 piliers ! À savoir :

  • La conscience de soi. Comprenez par là que vous devez être capable de bien identifier vos propres émotions ;
  • La gestion des émotions. Ce qui vous permettra, par exemple, de mieux gérer votre stress et votre contrariété quand Kévin, le stagiaire, effacera POUR LA SECONDE FOIS toutes les données de votre plus gros projet marketing en faisant une fausse manip. Une maîtrise de vous qui vous aidera à trouver plus rapidement une solution… Et qui, accessoirement, sauvera aussi probablement la vie de Kévin ;
  • L’empathie. Cela signifie que vous devez être capable de cerner les émotions de vos collaborateurs. Et de réagir en fonction ! Pour cela, vous pouvez vous appuyer sur la communication verbale et non verbale. Exemple concret : Kévin a la voix tremblante, le regard fuyant et il transpire à grosses gouttes. Conclusion n°1 : il est TRES mal à l’aise. Conclusion n°2 : il a encore fait des siennes. Conclusion n°3 : vous allez devoir lui tirer les vers du nez avec tact… Et probablement lui interdire de s’approcher à nouveau d’un ordinateur ;
  • La motivation. En effet, un bon manager leader doit être capable de se motiver soi-même en toutes circonstances… Et de motiver également son équipe ;
  • L’aisance relationnelle pour parvenir à encadrer et guider ses collaborateurs avec bienveillance ;
  • L’envie de transmettre le noble art de l’intelligence émotionnelle au reste de votre équipe. Histoire qu’ils apprennent tous à faire preuve d’empathie et de bienveillance les uns envers les autres.
bienveillance au travail
©Clay Banks – Unsplash

Est-ce que l’intelligence émotionnelle peut vraiment booster l’efficacité managériale ?

Disons-le tout de suite : la réponse est oui. Du moins à en croire la plupart des études publiées sur le sujet. Connaissez-vous le projet Aristote, par exemple ? Il s’agit d’une vaste étude lancée par Google en 2012 pour trouver la “formule magique” des équipes gagnantes. Il en résulte que toute équipe devrait être menée par un “manager émotionnellement intelligent” afin d’instaurer un environnement de travail sain et motivant. À comprendre : un environnement où tous les collaborateurs peuvent s’exprimer sur un pied d’égalité et se sentir en sécurité “sur le plan émotionnel”. Ce qui est idéal pour : 

  • Renforcer l’engagement et la fidélité des salariés. En effet, le projet Aristote estime que les salariés sont 7 fois plus susceptibles de se sentir inclus au travail… Et également 9 fois plus susceptibles de rester dans leur entreprise pendant trois ans ou plus dans ces conditions. Ce qui est loin d’être négligeable car depuis la crise du Covid-19, les salariés hésitent de moins en moins à changer d’entreprise. Histoire d’aller vérifier si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs ;
  • Transformer également plus facilement les salariés en ambassadeurs de l’entreprise. Notamment sur les réseaux sociaux ! En effet, ils seraient 10 fois plus susceptibles de recommander leur entreprise comme un “excellent lieu de travail” ;
  • Réduire le nombre d’absences et d’arrêts de maladie. Pourquoi ? Tout simplement parce que dans ce type d’environnement, les salariés sont 4 fois moins susceptibles d’être exposés au stress et au burn-out…

Bref : voilà des promesses bien alléchantes ! Rien d’étonnant donc à ce qu’autant d’entreprises demandent à leurs managers de développer leur leadership et leur intelligence émotionnelle de nos jours…

L’humour peut-il être mis au service du management ? 

Depuis tout à l’heure on parle beaucoup de bienveillance, d’empathie, de l’intérêt d’épargner Kévin… Mais l’humour dans tout ça ? A-t-il lui aussi sa place dans cette nouvelle forme de management ? Il semblerait bien que oui ! Au point même qu’on assiste à la naissance de techniques de management spécifiquement tournées vers l’humour. Comme le “Management by Smiling Around” (MBSA), par exemple.

En pratique, faire appel à l’humour permettrait de: 

  • Désamorcer plus facilement les conflits ;
  • Créer également plus facilement un environnement sain et bienveillant ;
  • Augmenter l’engagement des collaborateurs ;
  • Booster la créativité ;
  • Fluidifier la communication, etc. 

Bref, l’humour serait un peu l’arme ultime de l’intelligence émotionnelle. Et pour ne rien gâcher, il est totalement gratuit ! Aucune raison donc de ne pas l’adopter vous aussi. Mais comme le rappelle Laëtita Sieffermann, vous devrez le manier avec précaution.

Humour manager intelligence émotionnelle

« Il y a une question de limite. C’est bien d’avoir une atmosphère détendue et agréable au travail. On n’a pas envie d’aller dans un endroit où l’on se sent mal, où tout le monde fait la tête et où l’on est vraiment stressé. Mais il ne faut pas que l’humour vienne masquer les difficultés. Ou que ça devienne un humour trop satirique, voire malsain, qui servirait à attaquer la personne de manière déguisée. »

En d’autres termes : si vous maniez l’humour avec subtilité, vous avez tout à y gagner. Mais :

  • Gare à ne pas tomber dans l’excès. Si quelque chose ne va VRAIMENT pas dans l’équipe, cela ne sert à rien de balayer le problème d’un éclat de rire. Mieux vaut mettre les choses à plat sérieusement. Mais toujours avec bienveillance, bien entendu ;
  • Évitez les traits d’humour corrosifs. D’une certaine manière, ils sont encore plus perturbants que les “simples” reproches. En effet, la personne qui en est victime se sent souvent obligée d’en rire. Mais dans le fond, elle se sent plus humiliée qu’autre chose. Surtout si ses collègues ont ri, eux aussi, de la “plaisanterie”… Pas top pour une méthode qui est censée vous aider à instaurer une bonne ambiance de travail !

Avis et témoignages sur l’art de manager grâce à l’intelligence émotionnelle

Ne pas voir la personne comme un outil, c’est fondamental”, indique Laëtitia Sieffermann. Tout comme le fait d’être à l’écoute de ses problèmes et de les prendre en compte pour l’aider à bien avancer dans ses tâches. Mais il faut aussi veiller à ce que les problèmes personnels des salariés ne débordent pas exagérément sur le cadre professionnel. D’autant plus que les frontières entre le travail et la vie personnelle sont en train de bouger avec l’essor du télétravail. “C’est un équilibre à trouver qui est assez complexe”. 

Autant dire qu’on ne passe pas du management “classique” au management émotionnel d’un coup de baguette magique. Cela demande généralement un minimum d’efforts et un temps d’ajustement. Mais cela en vaut vraiment la peine à en croire les témoignages des managers qui ont adopté l’intelligence émotionnelle. Comme celui de Christophe Catoir par exemple, Président et membre du Comité exécutif du Groupe Adecco, qui s’est confié à Fullémo lors d’une série d’interviews consacrés à l’intelligence émotionnelle. Pourtant, il a mis du temps à adopter cette nouvelle pratique… 

J’ai toujours cru qu’il était possible de rationaliser chaque chose, mais parler au cœur et aux tripes des gens permet d’avoir beaucoup plus d’impact que juste parler à leur raison. Les personnes ont besoin d’être touchées par ce qu’elles font. Les personnes ont de l’impact et sont plus contagieuses quand elles parlent avec leur regard, leur sourire, leur voix. Dans mon expérience, en tant que jeune diplômé prenant des responsabilités assez vite, j’ai eu l’impression que l’on pouvait tout mentaliser. En effectuant des équations, des arguments, j’ai constaté que les gens s’ennuyaient. En racontant une histoire personnelle, c’est incroyable de voir la réaction des gens.” Aujourd’hui, il ne regrette pas d’avoir adopté l’intelligence émotionnelle et considère qu’elle a énormément à apporter au monde du travail !

Comment développer votre intelligence émotionnelle ?

Vous avez du mal à exprimer et canaliser vos émotions ? Pas de panique : on peut développer son intelligence émotionnelle à tout âge. Plus concrètement, il existe des formations dédiées au management émotionnel. Comme celles délivrées par Fullémo, par exemple !

Mais si vous n’avez pas envie de suivre une formation professionnelle, il existe d’autres approches. Par exemple, vous pouvez faire un test d’auto-évaluation de l’intelligence émotionnelle en ligne. Histoire de mieux savoir quel axe vous devez travailler de votre côté (exemple : conscience de soi, maîtrise de soi, etc.). Et ensuite ? Il va falloir le travailler justement ! Par exemple en : 

  • Tenant un journal intime. Non, ce n’est pas seulement pour les ados ! En consignant chaque jour les émotions que vous avez ressenties au travail, vous cernerez mieux vos mécanismes émotionnels et les facteurs qui déclenchent telle ou telle émotion chez vous ;
  • Vous mettant à la méditation. Chez vous comme au travail ! Cela peut vraiment vous aider à mieux gérer vos émotions ;
  • Apprenant à faire des critiques vraiment constructives. À comprendre : sans élever la voix et sans paroles blessantes. Histoire de pacifier vos échanges avec vos collaborateurs !
Utiliser un journal intime pour gérer émotions au travail
©Evie S-Y – Unsplash

De son côté, Laëtitia Sieffermann recommande également “d’avoir des temps de cohésion d’équipe qui vont être vraiment en dehors du travail, où on va plutôt essayer de travailler le groupe, l’équipe et la cohésion à plusieurs”. S’il existe plusieurs activités de groupe envisageables, l’art-thérapie est une option particulièrement intéressante car elle aide à la fois à mieux exprimer ses émotions et à booster sa créativité. N’hésitez pas à aller creuser le sujet sur le site de Laëticia Sieffermann.

Pour aller plus loin 

Si l’intelligence émotionnelle permet de booster l’efficacité managériale et d’instaurer une saine ambiance au bureau, il existe d’autres facteurs à prendre en compte pour améliorer la QVT (Qualité de Vie au Travail) et la performance de vos collaborateurs. Comme la qualité de vos locaux par exemple ! En effet, rien de tel que des bureaux vétustes, mal éclairés et mal chauffés pour miner le moral de vos troupes. N’hésitez donc pas à faire des travaux si besoin ! Cela étant dit, vous pouvez aussi déménager vos équipes dans des bureaux plus sains et mieux aménagés. N’hésitez pas à contacter nos experts ! Ils vous aideront à trouver LE bureau qu’il vous faut si vous le souhaitez !

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