Encore un énième article sur le télétravail ? Il fallait bien faire le point trois ans après le début de la crise sanitaire. Car, oui, la pratique est désormais courante dans de nombreuses entreprises. Pourtant, si elle offre aux équipes une plus grande flexibilité dans l’organisation de leur travail, qu’en pensent ces dernières ? Le télétravail fait-il vraiment le bonheur des salariés ? Comment peut-il devenir consensuel ? Doit-il se réinventer ?
Bonheur et télétravail en 2023 : où en sommes-nous ?
Le télétravail avant et depuis la crise sanitaire
Le télétravail n’a pas commencé avec la pandémie de COVID 19. Mais, accompagnée de sa vague de confinements, celle-ci lui a donné une impulsion inédite. En effet, avant elle, il a connu une croissance significative grâce aux développements technologiques qui ont permis de rendre le travail des salariés plus flexible et réalisable à distance. À cette époque (qui paraît déjà lointaine), certains employés avaient la chance de le pratiquer ponctuellement. Mais, pendant la crise sanitaire, tout s’est accéléré. Le télétravail est tout à coup devenu salutaire et incontournable pour le maintien de l’activité de nombreuses entreprises. Et doit-on encore parler de cette période où il est devenu obligatoire à 100 % entre le 29 octobre 2020 jusqu’au 9 juin 2021 ?
C’est à partir de là que les entreprises ont dû définir un nombre minimum de jours de télétravail par semaine. Elles ont aussi découvert les avantages et les défis de cette pratique et ont dû s’adapter rapidement pour ne pas sombrer. Les salariés également ont dû faire face à cette nouvelle donne et trouver des solutions pour maintenir leur performance tout en travaillant depuis leur domicile.
Trois ans après le début de la pandémie, ce mode d’organisation n’est pas près de disparaître ! Mais les façons de le percevoir ont évolué et on en vient à se demander sous quelle forme il va continuer à se développer. Car, avec le retour désormais possible dans les bureaux, beaucoup de sociétés ont fait le choix d’une combinaison de travail à distance et présentiel : le travail hybride. Certaines, au contraire, ont adopté le full remote, c’est-à-dire le 100 % télétravail.
Quelques chiffres sur le télétravail
Mais alors, concrètement, où en sommes-nous dans les entreprises aujourd’hui ? Selon une enquête de l’INSEE, environ 22 % des salariés français ont fait du télétravail au moins une fois par semaine en 2021, contre 3 % avant la pandémie. Depuis le début de l’année 2023, ce taux atteint environ 35 %. De même, 57,5 % d’entre eux souhaitent pouvoir travailler à distance.
Et les entreprises se sont adaptées puisque, actuellement, les salariés télétravaillent en moyenne 3,6 jours par semaine contre 1,6 jour fin 2019. Il faut noter qu’une grosse proportion des télétravailleurs en 2021 sont des cadres (55 %) et qu’ils le sont toujours en majorité. Par ailleurs, le travail à domicile est moins pratiqué dans les petites entreprises. Par exemple, en 2021, 9 % des salariés ont fait du télétravail dans les structures de moins de 10 salariés contre 36 % dans celles de minimum 250 salariés.
Le full remote, quant à lui, ne concerne que 8,5 % des salariés en France (contre 27,9 % au Royaume-Uni). Cette différence s’explique, notamment, par une mise en place plus précoce dans les pays anglo-saxons. En effet, en France, le concept est, finalement, assez récent. Et on termine par le très célèbre travail hybride dont on entend beaucoup parler actuellement. Celui-ci est largement plébiscité puisque 82 % des salariés souhaitent l’adopter !
Le télétravail est-il source de bonheur chez les salariés ?
Le travail à domicile a donc ses adeptes et ses détracteurs. Comme pour bien des modèles nous direz-vous ! Examinons néanmoins de plus près les différents ressentis des travailleurs. Le télétravail fait-il leur bonheur ? L’occasion de comprendre les avantages et inconvénients de cette forme de travail qui se cherche encore.
Les avantages certains du télétravail
Un meilleur équilibre vie professionnelle/vie privée
La plupart des télétravailleurs estiment que cette forme de travail est positive dans leur quotidien. En effet, après le COVID et ses confinements, le rapport au travail s’est transformé en France et partout ailleurs. Les salariés ne veulent plus passer leur temps au bureau sans penser à leur vie familiale, leurs loisirs, leurs amis. Le télétravail leur permet de trouver un meilleur équilibre vie pro/vie perso et d’être bien plus autonomes.
La flexibilité est, dès lors, devenue indispensable. Elle est d’ailleurs désormais un critère essentiel dans la recherche d’un poste. Et cela bien avant un salaire attractif. Ainsi, près de 46 % des sondés (sources : étude OpinionWay pour Slack) pourraient ainsi changer d’emploi si leur entreprise ne répond pas à cette “exigence” ! Et, sans surprise, les jeunes sont les plus enclins à le faire (60 % chez les moins de 35 ans), même si les 35-49 ans sont de plus en plus nombreux à les rejoindre sur ce point.
Une meilleure qualité de vie
De nombreuses enquêtes révèlent que les salariés en télétravail dorment mieux et pratiquent davantage d’activités physiques. Ils se déplacent, de fait, moins pour aller au bureau, ce qui leur permet de gagner du temps et, dès lors, de réduire leur stress. Ils travaillent aussi dans un environnement qui leur convient, qui est à leur goût et souvent confortable et ne sont donc plus limités par un espace de bureau ou par les nuisances d’un open space et les interruptions régulières des collègues.
Un travail plus productif
Travailler à distance ne signifie pas baisse d’efficacité. 77 % des télétravailleurs le seraient même davantage ! On constate même que ce mode de travail fait baisser le taux d’absentéisme. Il est souvent plus facile de se concentrer dans un espace choisi que noyé dans des bureaux, entouré de collègues, de réunions, de pauses, etc. Beaucoup se disent plus créatifs en télétravail. Sortir de la routine du bureau, prendre du recul : tout ceci favoriserait l’innovation.
Des économies d’argent et de temps
Grâce au télétravail, les salariés limitent leurs frais de déplacement, de restauration, de garderie… Ils gagneraient aussi quotidiennement 62 minutes. Ce qui n’est pas rien. En France, 44 % de ce temps en plus sont utilisés pour le travail, 16 minutes pour les loisirs et 9 minutes pour s’occuper des autres. Bon, très bien, mais alors le télétravail suffit-il à leur apporter du bonheur dans leur quotidien ?
Les défis du télétravail
Pas tout à fait ! Car, si le télétravail présente de nombreux avantages, il comporte aussi son lot de désagréments et d’injustices.
Selon Hortense Noiret, consultante en QVT chez Kali QVT, les trois plus grands risques que peut rencontrer le télétravailleur sont l’isolement, la perte de motivation et la sédentarité.
En fonction de sa charge de travail, comment il s’organise et la difficulté parfois de séparer la sphère professionnelle de la sphère personnelle, la charge mentale peut vite devenir énorme. Et, bien entendu, on connaît la suite : burn-out ou bore-out. De plus, sa motivation peut s’étioler d’autant plus vite qu’il est loin de ses collègues.
Tout ceci peut générer stress, fatigue excessive et jouer sur la santé mentale. D’autant que, selon son lieu de vie, le télétravail peut parfois se faire dans un cadre peu adapté, sur un poste de travail informatique mal aménagé avec un mobilier non ergonomique, etc. Arrivent alors les troubles musculosquelettiques, les risques d’obésité, la fatigue visuelle… Cette dernière est tout particulièrement renforcée par la multiplication des visioconférences. À cela s’ajoute la difficulté à déconnecter.
Les facteurs influençant la satisfaction des télétravailleurs
Les salariés ne sont pas égaux face au télétravail et les entreprises le mettant en place ne sont pas toutes préparées à le faire correctement. Voici certains facteurs différenciants.
Une question d’individu
Certains salariés n’ont aucune appétence pour le télétravail. Pour leur bien-être, ils ont besoin de côtoyer leur équipe, d’aller au bureau chaque matin… Il faut noter que l’attachement au bureau comme lieu de socialisation est plus fort en France qu’ailleurs et l’est tout particulièrement pour les plus jeunes (source : Enquête 2022 sur le Future of Work).
La différence homme/femme
L’effacement des frontières entre la vie professionnelle et la vie personnelle n’est pas forcément une bonne chose pour les femmes. En télétravail, celles-ci s’occupent plus que les hommes des tâches ménagères et familiales en plus de leur charge de travail. Certaines en viennent à préférer aller au bureau.
La position hiérarchique
Globalement, la position hiérarchique influence aussi le vécu du télétravail. Les cadres dirigeants sont bien plus convaincus que les autres collaborateurs.
L’âge et l’expérience professionnelle
Les salariés plus âgés le vivent mieux également. Cela peut paraître paradoxal quand on sait que les Digital Natives sont plus à l’aise avec les outils collaboratifs et autres technologies. En fait, cela tient beaucoup à l’expérience de chacun et à l’aspect social du télétravail. Il faut noter que le domicile des jeunes salariés convient aussi généralement moins bien au télétravail. Il peut être, de fait, moins confortable que celui de leurs aînés.
La nature du travail
Si selon la start up Boost.rs près de 62 % des métiers peuvent s’exercer en télétravail, certains sont plus ou moins adaptés. Les postes commerciaux, en marketing, dans l’IT et la technologie se pratiquent beaucoup en télétravail. Certains peuvent être plus complexes à organiser. Quoiqu’il en soit, le manager doit veiller à proposer le télétravail au plus grand nombre de ses salariés afin d’éviter de créer des inégalités.
Les relations existantes avec les collègues
Un salarié entretenant de bonnes relations avec ses collègues se sentira moins isolé en télétravail, moins déconnecté.
La communication avec l’entreprise
Les télétravailleurs sont d’autant plus satisfaits qu’ils ont des outils performants pour communiquer avec l’entreprise et avec les collègues. L’entreprise doit veiller à ce qu’ils aient les bons équipements au risque que le télétravail devienne un vrai casse-tête.
Comment optimiser le télétravail pour qu’il soit consensuel ?
Si le télétravail s’est développé, beaucoup d’entreprises n’ont pas encore trouvé la manière de le faire rimer avec bien-être des salariés. Pour preuve 56 % d’entre eux estiment que l’organisation de leur entreprise n’est pas suffisamment adaptée. Force est donc de constater qu’une simple mise en place du télétravail ne suffit plus à rendre l’entreprise attractive.
Les sociétés doivent considérer les besoins et préférences de chacun, mais aussi mettre en place une politique et des pratiques claires.
Les outils digitaux, le QG numérique
Opter pour le travail hybride et favoriser le travail asynchrone implique de disposer d’une bonne qualité de réseau et de sécurité informatique, mais aussi de s’équiper d’outils numériques collaboratifs performants. Le QG numérique ou Digital Workplace est l’ensemble de ces outils et de technologies qui vont permettre aux équipes de communiquer, collaborer, envoyer des informations, en recevoir, partager des documents, qu’elles soient au bureau ou en télétravail. Selon leurs besoins et les objectifs de l’entreprise, il peut inclure de nombreuses fonctionnalités comme de la visioconférence, de la gestion de projet, de document, etc. Ces outils sont souvent basés sur le cloud. Parmi eux, on peut citer Slack, Dropbox, Zoom, Microsoft Office 365.
Les bonnes pratiques managériales
Pour que le télétravail fonctionne, le mode de management doit être basé sur la confiance. L’autonomie des collaborateurs est intégrée et pour combler la distance physique, la communication entre le manager et eux doit être régulière et efficace. La culture du présentéisme doit laisser la place au fonctionnement par objectif. Chacun doit savoir ce qu’il doit faire et comment son travail s’intègre dans celui de l’équipe dans son ensemble tout en étant libre de le faire comme bon lui semble. Le dirigeant doit veiller à maintenir la cohésion d’équipe, à motiver ses collaborateurs, à valoriser et reconnaître le travail de chacun.
L’établissement d’un cadre de travail
Pour favoriser le bien-être des télétravailleurs, il est bon d’établir des règles claires. Celles-ci peuvent définir des heures de travail et faire respecter le droit à la déconnexion. Le télétravailleur ne sera pas forcément joignable toute la journée, mais de 8h à 9h, de 11h à 12 h, etc. Les réunions ne doivent pas durer trop longtemps et être, par exemple, enregistrées pour les absents afin que chacun soit au même niveau d’information.
Par ailleurs, pour lutter contre l’isolement et la sédentarité, les employeurs doivent également envisager que leurs salariés puissent travailler dans des lieux de travail tiers comme un coworking. Ceci permet aux collaborateurs de profiter des avantages du télétravail dans une ambiance conviviale. De plus, des règles d’indemnisation peuvent être mises en place pour outiller les équipes avec un matériel plus adapté, plus ergonomique.
Des lieux de travail de qualité
Le bureau, le siège de l’entreprise, demeure le lieu de la culture de l’entreprise. Si les salariés passent une partie de leur semaine en télétravail, ils doivent trouver du plaisir à y venir. Leur lieu de travail doit donc s’adapter à cette nouvelle organisation et être propice à leur épanouissement. Il doit ainsi être ouvert, inclusif, favoriser les échanges et la convivialité et être un vecteur d’attractivité pour les nouveaux talents. L’aménagement des bureaux en flex office est une réponse parmi d’autres à cette nouvelle donne.
Pour conclure : le télétravail ne fait pas le bonheur des salariés, mais il peut contribuer à leur bien-être (si toutes les conditions sont réunies)
La flexibilité n’est plus une option, c’est une obligation. Pourtant le télétravail ne fait pas réellement le bonheur des salariés. Alors, on fait quoi ? On repense nos façons de travailler, on passe à l’hybride, on fait revenir tout ce petit monde au bureau ? Peut-être la question n’est-elle pas, finalement, d’être heureux au travail. Car, si vous nous suivez avec attention, vous savez que le mieux reste encore de parler de « bien-être au travail« . Peut-être la solution est-elle de mieux intégrer le télétravail dans les pratiques des bureaux pour en faire réellement un atout aussi bien pour les salariés que pour l’entreprise.
Vous pratiquez le travail hybride ? Vous désirez accueillir vos salariés dans des bureaux optimisés ou des espaces de coworking ?
Contactez-nous ! Que vous ayez opté pour le travail hybride ou le full remote, nous avons des bureaux dans toute la France qui répondent à vos besoins et votre budget.