L’année 2023 sonnerait-elle la fin du télétravail ? C’est ce que l’on pourrait penser à la lecture des récents articles sur le sujet. Chaque semaine, un nouveau grand patron semble, en effet, suivre la tendance du RAB (retour au bureau). Eh oui, il existe même un acronyme pour ça désormais ! L’une des dernières entreprises en date à avoir fait ce choix et dont l’annonce a fait grand fracas ? Le spécialiste de la visioconférence Zoom. Si eux aussi s’y mettent, il y a de quoi s’attendre au pire pour les prochains mois… Ou pas. Car ces exemples sont majoritairement américains. En France, la situation est très loin d’être la même. On vous explique tout.
Une seule chose à retenir : vos jours de télétravail ne sont pas menacés. Plus encore, le distanciel est devenu une composante permanente du monde professionnel en France à la faveur du modèle hybride.
Télétravail : je t’aime, moi non plus
La pandémie de Covid-19 avait entraîné la généralisation du télétravail dans le monde entier. Durant cette période, les patrons vantaient haut et fort les mérites du travail à distance. Avant de faire machine arrière ces deux dernières années. Attention toutefois, nous parlons principalement des grandes entreprises américaines.
Quand le télétravail ouvrait de nouvelles perspectives
Début 2019 : l’épidémie de Covid se répand, poussant de nombreuses entreprises du monde entier à recourir massivement au télétravail. Ce nouveau mode du travail semble prometteur à bien des égards. Bien sûr, il permet d’éviter la propagation du virus, mais d’autres arguments sont avancés :
- Meilleure productivité chez soi, sans les interruptions intempestives de ses collègues ;
- Gain de temps et baisse du stress avec la suppression des trajets domicile/travail ;
- Équilibre vie privée et professionnelle ;
- Motivation en hausse ;
- Diminution des charges liées à l’usage des bureaux et possibilité de diminuer la taille des bureaux…
La liste ne s’arrête bien sûr pas là, mais nous n’allons pas vous refaire l’histoire. Vous nous avez suffisamment entendus sur le sujet dans notre article « Le télétravail fait-il vraiment le bonheur des salariés ?« .
Prometteur également pour les collaborateurs à qui les RH et les grands patrons avaient promis que cette situation perdurerait même après la pandémie. Heureux, les premiers en avaient donc profité pour déménager loin, très loin de leur entreprise, à la recherche d’une meilleure qualité de vie. Deux ans plus tard, ces mêmes RH et patrons ne l’entendent plus de cette oreille et rappellent leurs effectifs à grand renfort de menaces pour certains ou de relances.
L’heure n’est plus à la fête. Alors, oui, vu sous cet angle, il semble que s’en soit bien fini du télétravail. Toutefois, il est fort possible que vous n’ayez pas vécu cette situation. Pour la simple et bonne raison que c’est aux États-Unis que l’on a pu assister à ce scénario, le full remote ayant été maintenu après la pandémie.
Apple, Tesla, Amazon, X (anciennement Twitter)… Ces entreprises américaines qui ont décidé de faire du RAB leur nouveau leitmotiv
Prenons un peu de recul sur la situation. Si aujourd’hui on entend beaucoup parler de fin du télétravail en 2023, c’est majoritairement en raison des annonces fracassantes de certains chefs d’entreprise américains. Parmi eux, on retrouve bien entendu Elon Musk. Au départ peu opposé au télétravail, il a finalement imposé à ses équipes le full présentiel. Et cela dès son rachat du réseau social Twitter (désormais renommé X).
Rien de surprenant là-dedans quand on sait qu’il avait déjà imposé aux collaborateurs de Tesla de revenir travailler sur site sans masque en pleine crise sanitaire. Selon lui, le télétravail nuirait à la productivité et à la culture de l’entreprise. Une position que partagent d’autres groupes comme Apple, OpenAI (ChatGPT), Starbucks, Twitter, Walt Disney Co… Et cela même si certaines ont davantage opté pour le travail hybride ou un retour au bureau quelques jours par semaine.
Chez Amazon, par exemple, les employés doivent se rendre au bureau 3 fois par semaine depuis le mois de mai 2023. Là encore, la cohésion d’équipe est mise en avant. Ce même choix a été fait par Google et Méta, pourtant parmi les toutes premières entreprises à proposer le télétravail à l’ensemble des travailleurs de leur groupe.
Mais, alors, quelles sont les vraies raisons de telles décisions ?
- La situation économique complexe et incertaine que nous vivons actuellement ;
- La frilosité de certains patrons « à l’ancienne » ;
- La mise en lumière de certaines limites du full remote pour les entreprises qui n’ont pas su fédérer leurs équipes en distanciel.
Néanmoins attention, les collaborateurs n’ont pas dit leur dernier mot.
Les salariés outre-atlantique ne sont pas prêts pour la fin du télétravail
Face à ce revirement de situations, les salariés s’insurgent outre-atlantique. Certains avaient, de fait, déménagé à des milliers de kilomètres de leur emploi et se voient ainsi imposer un retour brutal au bureau et une réorganisation de leur quotidien. Une décision qu’ils jugent injustifiée et qu’ils vivent comme une trahison. Les manifestations se multiplient donc depuis quelques mois devant les sièges de plusieurs sociétés américaines, au même titre que les pétitions sur le sujet.
Plus question de se voir imposer des décisions arbitraires ! Ils veulent du changement dans le monde du travail et dénoncent la grande hypocrisie des patrons. Ces derniers, sous prétexte de manque de performance de leurs collaborateurs à distance, seraient en réalité en pleine perte de confiance face à des marchés fluctuants. Dans l’hexagone, la situation est toute autre.
La réalité sur la « fin » du télétravail en France : chiffres à l’appui
Économiquement, nous devons sensiblement faire face aux mêmes problématiques qu’aux États-Unis. Toutefois, le 100% télétravail n’est pas répandu dans nos contrées. Avec la pandémie, au contraire, le modèle hybride s’est développé avec un plus grand recours au télétravail. Aujourd’hui, celui-ci poursuit son développement mais jamais au détriment du bureau. Nous vous prouvons cela, chiffres à l’appui !
Le télétravail hybride avant tout en France
Selon une étude de JLL datant de juillet 2022, 56% de la population française pratiquent le télétravail. C’est déjà un grand pas en avant chez nous, car une enquête menée par la DARES en 2017 montrait que seulement 3% des salariés le pratiquaient au moins un jour par semaine. En 2020, même pendant le confinement, la proportion de travailleurs exerçant en distanciel avait augmenté, mais n’était que de 25,4%.
Autre donnée intéressante : la France serait le pays d’Europe où le nombre de jours au bureau serait le plus élevé. L’étude de JLL parle de 3,5 jours par semaine en présentiel dans l’Hexagone contre 3 jours en Suisse, 2,6 jours au Royaume-Uni, 2,5 jours en Espagne et 1,5 jour en Allemagne.
Pas de doute, les Français et les espaces de travail c’est une grande histoire d’amour. À condition, bien entendu, que leurs employeurs respectent leurs nouvelles attentes en la matière, mais sachent également faire face aux défis actuels.
Perspectives et défis futurs du télétravail en France
Alors, oui, en France, le retour au bureau ne pose pas de problème et le télétravail se développe à grande vitesse dans un modèle davantage hybride. Pourtant, selon Flore Pradère, directrice de la Recherche Work Dynamics chez JLL (source : Republik Work Place) :
« Deux ans après le déconfinement, le retour au bureau n’est plus un sujet en France, mais l’enjeu désormais, c’est l’occupation lissée et harmonieuse du site à l’échelle de la semaine. »
Les salariés sont, de fait, heureux de retourner au bureau et ce pour plusieurs raisons selon le baromètre 2022 Parella-CSA Research sur l’évolution des modes et espaces de travail :
- Pour échanger avec les collègues (à 61%) ;
- Pour voir ces derniers (à 60%) ;
- Pour l’ambiance (33%) ;
- Pour le matériel et les équipements (22%).
Les entreprises doivent donc, aujourd’hui, faire se coordonner les agendas de leurs collaborateurs pour éviter les open space désertés qui risqueraient de nuire à la dynamique de l’organisation. Elles doivent aussi réduire leur empreinte carbone immobilière en conservant une certaine sobriété – en mètres carrés et en énergie – tout en favorisant la productivité et en renforçant la culture d’entreprise, même à distance. C’est du moins ce que nous dit une autre enquête JLL relayée par Republik Work Place.
Pour conclure : le télétravail a encore de belles années devant lui en France
Non, ce n’est pas la fin du télétravail en France, loin de là. D’ailleurs, ce n’est pas non plus le cas dans certaines entreprises américaines qui prônent un modèle hybride. Celui-là même qui s’est largement répandu au sein de nos entreprises. Le 100% télétravail est, lui aussi, en train de trouver une place dans notre paysage, même s’il reste plus anecdotique, car réservé à certains métiers ou secteurs d’activités.
De notre côté, si vous n’aviez pas suivi nos aventures et notre avis sur le télétravail, nous vous conseillons de lire cet article qui explique comment nous l’avons mis en place dans l’équipe. Car, oui, ce n’est pas parce que nous proposons nous-mêmes des bureaux que nous ne le pratiquons pas en interne, bien au contraire.
D’ailleurs si vous êtes à la recherche de bureaux, sachez que nous sommes toujours là pour vous apporter notre aide sur le sujet. N’hésitez pas à faire une recherche sur notre plateforme et à nous contacter.