L’audace en un tour de clé !

Brieuc Oger, les yeux fermés

Si je vous dis « secteur de location de bureaux entre professionnels », d’un coup, vous vous sentez un peu sans domicile. Vous vous dites même probablement que, ce dimanche vous vous êtes trompés de couloir. Que vous avez frappé sans le savoir à la porte de l’anti-innovation et que vous n’avez plus franchement envie de demeurer ici. Mais au fond, vous devez l’avouer, vous vous sentez quand même chez vous.

Vous êtes dans le refuge de l’Audace, votre pied-à-terre préféré, alors vous vous attendez à ce que votre esprit ne tarde pas à se transformer en un joli petit meublé. En revanche vous allez vite constater que s’il met de la foi à trouver un foyer au travail et aux idées… S’il permet surtout de s’installer, l’Audacieux n’est pas du genre à se poser. À l’entendre, on se demande ce qu’il a manqué d’expérimenter. Car, du sol au plafond – de son statut de sportif de voile de haut niveau, à ses premiers pas dans l’entrepreneuriat – il se peut que Brieuc en déloge quelques uns de leur quotidien. Gare à ceux qui ont le mal de mer…

Brieuc Oger a 25 ans. S’il ne porte pas le chapeau rond, le Breton a récemment eu le courage de troquer son Bachi pour la casquette d’un jeune patron sur un secteur « qui n’est pas le plus excitant », mais qui a l’avantage d’être« déserté », puisque personne n’a réellement cherché à le digitaliser. « On fait des choses simples, mais on le fait bien ». Aujourd’hui chasseur d’espaces vides, jadis le premier à s’intéresser à tout objet sous-utilisé. « Personne n’a envie de louer du 30m carré à Champagne. Nous on le fait ! Je suis celui qui rachète une 4L pourrav’ à 250 euros, parce qu’il se dit qu’un jour ce sera trop cool. Avec un pote, en seconde, j’ai acheté un lot de 5 Solex et j’en ai retapé 3 ».

Tout en collectionnant mille milliards de mille projets et en menant, depuis la seconde, une solide passion pour la voile, Brieuc a veillé à être un étudiant sérieux, « enfin, toujours dans les bons élèves, mais pas fou ».

D’abord lancé dans ses deux premières années d’IUT à GEA – gestion des entreprises et des administrations – il termina finalement sa dernière année en mettant les voiles en Australie. « Je sortais de cours et j’allais directement sur le bateau ! ». Revenu au port français, il fera le choix de l’auto-entrepreneuriat pour exercer en tant que manager de projet sportif. « J’ai jamais voulu monter ma boîte, mais ça me faisait marrer de penser des choses de A à Z et d’avoir des responsabilités. Je gérais des équipes de 15 personnes, je devais élaborer un programme, fixer des objectifs, trouver des partenaires. Avant, ils me livraient de la bouffe et des cirés, et ce que je devais chercher, ce n’était pas des fonds mais des skippers ! »

S’en suivra pour Brieuc le résultat positif de son concours d’entrée à l’EM Lyon – « c’était sur mon ordinateur, j’étais sur un ponton et je partais 48 h en bateau 5 minutes après » – et la découverte de celle qu’il se plaît à nommer « la ville de réseaux ». S’il semble, en premier lieu, avoir vêtu son CV d’un costume moins sportif et plus rangé, notre Audacieux ne perd pas le Nord ! C’est ainsi qu’il est autorisé à passer son stage de première année à naviguer, « sur l’année, j’ai dû passer 100 jours sur l’eau ».

Pour la seconde année, il résistera à la tentation de faire un nouveau stage dans le bateau et à celle, encore plus grande, de partir faire un tour du monde en équipage à la voile. Décidé à « zapper la case année de césure à l’étranger », il commencera une option entrepreneuriale, intégrera l’incubateur de son école de commerce. Dès janvier, il travaillera sur le concept de son entreprise Hub-Grade.

On est toujours une petite barque avant de devenir un grand voilier. Comme tout entrepreneur, Brieuc s’était préparé à tanguer et à pivoter sans jamais se laisser assommer par une quelconque vague d’anxiété, « l’idée de base de mon entreprise était de créer une plate-forme de troc qui permette aux boîtes de valoriser leurs ressources humaines et matérielles sous utilisées. » Si l’Audacieux reste persuadé que demain, l’économie collaborative prendra ce chemin, face à de nombreuses problématiques, il a finalement choisi de commencer par se consacrer aux actifs immobiliers :

« il vaut mieux tomber amoureux d’un problème que d’une solution. Je souhaite qu’en plus des bureaux, dans 5 ans, Hub-Grade permette aux professionnels de louer des machines, des salles de réunion, des voitures ou encore des petits outillages. »

Un sens de l’échange et de la collaboration qu’on retrouve autant dans son projet que dans la personnalité de cet éternel optimiste on ne peut plus spontané : « au début, dans l’entrepreneuriat, y’ a plein de choses que tu ne sais pas. Mais tout le travail que ça demande ne doit jamais remplacer le temps passé à échanger. Quand j’ai pivoté, ou que j’ai eu des doutes, j’ai passé 4 mois à parler plus de 2 h par jour à des gens, sans produire. Tu apprends tellement plus quand tu fais le tour des bureaux. »

Le reste de son temps, cet acharné du travail, un brin impatient, le passera dans les siens. Tantôt à creuser, tantôt à tourner, sa balle brésilienne – sa tchaka – en main : « je me la trimballe depuis des années. Je marche, je jongle avec, ça énerve les autres mais ça m’aide à penser et à accélérer le processus de décision. Au fond, mon job, c’est de consulter et de décider. Les très bons entrepreneurs sont ceux capables de prendre très rapidement de l’info, de la traiter et de décider. »

S’il est déjà Audacieux d’avoir d’abord osé se confronter à ce marché « old school » en marin solitaire – « les gens de l’immobilier, je ne les vois pas comme des gens qui seront les meilleurs pour toujours » – Brieuc l’est aussi parce qu’il a su s’entourer : « quand j’ai pivoté, je me suis demandé si j’allais tenir, l’entrepreneuriat c’est un ascenseur émotionnel. Parfois tu te demandes pourquoi tu t’es mis là-dedans, tu vas dormir et le lendemain, ça va mieux. L’entrepreneuriat, c’est irrationnel ! Tu peux être payé plus, voir plus tes potes, faire plus de bateau, être en meilleur santé, mais tu le ne fais pas et tu culpabilises quand tu ne bosses pas le samedi ! Pendant que tout le monde est en randonnée l’été, toi tu préfères rester comme un con à Écully à monter une plate-forme web. Mais je n’ai jamais pensé à arrêter, car les autres sont à mes côtés et que je ne peux pas trahir ceux qui ont fait confiance au projet ».

Assurément, si Brieuc fait des choix risqués et qu’il s’est préparé à perdre « des heures de sommeil, ton confort, ton argent… » il reste très fidèle et très attaché à son équipe projet. Un peu « grande gueule », il n’aime pas qu’on l’appelle patron – « je suis chef d’entreprise, j’ai un job, c’est de faire marcher cette boîte et de faire monter les autres en expérience » – Brieuc ne rougit pas d’être le capitaine de l’équipage et de veiller à la bonne gestion des flux.

C’est comme cela, il sait qu’il n’y a de bon vent qu’à celui qui sait où il va : « Hub-Grade ce n’est pas l’entreprise libérée. Je suis exigeant sur les horaires, les rendus, le comportement. Quand quelque chose ne me plaît pas, généralement mon équipe le sait vite sans que j’ai besoin de crier beaucoup. J’ai déjà vécu des expériences humaines difficiles dans des équipes où l’on était tous très très bons individuellement, mais collectivement ça ne marchait pas. »

S’il porte et assume brillamment toutes ses responsabilités, Brieuc fascine également par son côté Nounours attachant né un 14 février et par sa capacité à oser se remettre en question sur sa manière d’être et de s’exprimer « ces questions sont dures, mais il faut essayer de comprendre, sans jamais sur-analyser ».

À force de travail, Brieuc Oger a été récompensé par cette possibilité qui s’est présentée de transformer ses prestataires en salariés, et deux d’entres eux – Amandine et Damien – en associés : « si le projet va si vite, c’est aussi parce qu’il a toujours été relativement bien financé ». Par la Bourse French Tech, mais aussi par l’apport personnel d’un jeune motivé pas du genre à se la couler douce et qui n’a pas hésité à travailler des heures durant au Salon des étudiants, à Noël et le jour de l’an pour mettre de l’argent de côté. Et les bureaux ? Brieuc les rêve dans le Vieux-Lyon, en attendant de quitter l’incubateur du Campus qui l’a vu commencer.

Pour le moment, si la plate-forme comptabilise 200 utilisateurs, 350 annonces en ligne, 3 stagiaires et 7 personnes à plein temps, le jeune homme reste quand même prudent, conscient qu’en entrepreneuriat on est jamais à l’abri d’une tempête ou d’un raz de marée. Plutôt que de se demander si cela va marcher, il s’est posé une question essentielle : « penses-tu que la boîte que tu es en train de créer est capable d’embaucher un jour 100 personnes ? ». Pour celui qui ne connaissait rien au web ni à l’immobilier, aujourd’hui, la réponse est oui. L’Audacieux envisage 100 salariés et 10 millions de CA dans 5 ou 8 ans. Chez Trafalgar, on aime bien les histoires de bateau, surtout quand elles rappellent qu’il faut d’abord oser se mouiller pour se jeter à l’eau !

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