#Startup : les bureaux du futur entre flexibilité, tiers lieux et open innovation ?

À l’horizon 2030, entre 20 et 25% des actifs franciliens occupant des bureaux pourraient travailler à distance, rapporte l’ORIE. Force est de constater qu’en même temps que nos usages se numérisent, nos modes et formes d’organisations du travail voient également  leurs lignes bouger.


Distances domicile-travail, espaces habitables face à l’accélération du niveau d’urbanisation, génération mobile, etc. autant de paramètres qui invitent l’ensemble des acteurs des Futurs du travail à re-penser les bureaux au prisme d’une ville de plus en plus tertiaire et entrepreneuriale. Une condition : mutualiser l’urbain, les ressources et les énergies venues d’espaces tiers réintroduisant de la sérendipité.

Explications au travers d’un entretien croisé avec Brieuc Oger, fondateur de la startup Hub-Grade,Bernard Michel, président de la foncière immobilière Gecina et Michel Lallement, sociologue du travail et professeur au Cnam (pour son dernier ouvrage « L’âge du faire : Hacking, travail, anarchie » (Seuil).

Hub-Grade: flexibilité et petites surfaces

Brieuc Oger, 24 ans, diplômé de l’EM Lyon, est fondateur d’Hub-Grade, une plateforme de location d’espaces de travail entre professionnels. Son service, il le décrit comme l’Airbnb de l’immobilier. Le concept ? Mettre en relation des entreprises qui ont des espaces de travail inexploités ou sous-utilisés avec celles qui cherchent à en louer, le tout pour des durées flexibles. En effet, pour lui tout est né de deux constats.

« L’immobilier représente le deuxième poste de dépenses des entreprises après les salaires. Il est ainsi difficile, pour les jeunes entreprises en développement, de s’engager pour 3 ans ou plus. »

La plus-value d’Hub-Grade est donc de valoriser les petites surfaces (de 10 à 60 m2) pour permettre aux jeunes entreprises et aux entrepreneurs de jouer la carte de la mutualisation des biens. D’autre part, Hub-Grade permet aux entreprises ayant des m2 sous-utilisés, de les valoriser et de les rentabiliser en les louant.

Ainsi, chaque partie y trouve son compte : l’entrepreneur qui n’avait pas les ressources pour s’engager dans un bail 3/6/9 et l’entreprise d’accueil qui rentabilise ses locaux. Sans compter les avantages du partage de bureaux comme le networking !

Pour Brieuc, son service s’adresse donc aussi bien aux travailleurs indépendants qu’aux grandes entreprises qui cherchent à créer des espaces moins rigides ou à dénicher des tiers-lieux pour leurs salariés-télétravailleurs.

Alors Uberisation du secteur immobilier? Ce serait un raccourci sémantique !

« Hub-Grade est un agent immobilier en ligne complémentaire des agences traditionnelles, et plus encore un outil permettant de revisiter la table des relations des entreprises souhaitant développer des synergies nouvelles. », insiste Brieuc Oger.

A cet égard, Hub-Grade compte étendre son service à tous les locaux d’activités et miser sur des lieux comme les Fabs labs, pop-up stores, espaces de coworking…

L’âge du faire : un nouveau rapport au travail

Les nouveaux modes de partage de l’espace répondent aussi à une demande du salarié de demain, ce néo-travailleur aspirant à créer des formes de coopération horizontales.

Pour Michel Lallement, sociologue du travail et professeur au Cnam et auteur de « L’âge du faire : Hacking, travail, anarchie », c’est le « mouvement maker », celui donnant naissance à des espaces interstitiels dans les mondes urbains, à l’image des Fab Labs, qui peut permettre de concevoir des scenarii d’évolutions du travail.

Makerspaces et hackerspaces s’appuient en effet sur une philosophie du partage, celle du peer-to-peer. Ils introduisent une révolution par l’usage, augmenté par la numérisation. Construire, fabriquer, innover… mais aussi développer un nouveau rapport au travail, loin du tripalium, c’est ce que propose ce mouvement mondial. Déconnecté des logiques top-down post-tayloristes et des enjeux du marché, il redonne du sens au travail individuel et collectif.

« Alors que les grandes entreprises ont laissé peu de place au hasard, il implémente de la sérendipité, moteur d’innovation. »

L’immobilier urbain qui prend ainsi au sérieux ces espaces tiers en sous-traitant ou en les insérant en interne convient les salariés à une part d’autonomie et de flexibilité. « Ce qui fait rencontrer les coworking spaces ou les entreprises avec le ‘mouvement faire’, c’est ainsi le nouveau rapport au travail » , précise-t-il.

Alors l’hackerspace, une condition de survie pour ré-inventer les Futurs du travail ? Là encore, Michel Lallement y voit une hyperbole :

« Il ne s’agit pas de tomber dans une utopie techno-béate des représentations futures. Ces lieux empreints de la Culture du numérique, et plus largement de l’art du « bidouillage », sont une piste. Ils peuvent répondre, par exemple, à la problématique du fonctionnement en silo et à la perméabilité des espaces. Une façon aussi de rejoindre la notion de bien-être au travail » .

Open Innovation : ou comment penser l’urbanité du travail

Pour Bernard Michel, Président de la foncière immobilière Gecina, la révolution technologique et l’accélération des services ont un point commun aujourd‘hui : la culture  des “Communs”. Celle-ci ne peut être ignorée de la grande famille traditionnelle de la fabrique de la ville et de ses espaces.

« Le bureau du futur doit se muer en un espace « miroir du temps ubiquitaire » où circule l’information, les savoirs, la production. »

Rester dans une logique incrémentale en matière d’innovation reviendrait ainsi à se formoler dans l’expérience post-moderne de l’espace immobile, sans agilité, sans ouverture sur le monde. L’apport réel de l’écosystème numérique? Il intime l’ordre de penser une « urbanité du travail« .

« Ainsi, loin de jouer ‘simplement’ le jeu d’un putsch technologique, le secteur de l’immobilier tertiaire doit envisager les expérimentations urbaines de demain. Celles-ci sont aux prises de thématiques lourdes : celle de la résilience, de la notion de durabilité et de réversibilité des lieux et du vivre-ensemble. »

L’économie numérique, n’uberiserait ainsi en rien : elle enjoint à créer de nouvelles passerelles entre le « champ des savoirs informatisés » et la reconquête du collectif.

« Tisser des liens forts entre les startups et les grands acteurs semble impératif. Il ne faut en effet pas passer à côté de la ville entrepreneuriale : c’est elle qui accompagne aujourd’hui la mutation des formes d’organisations du quotidien, de la Cité… et du travail. »

Dans cet esprit, Gecina soutient l’incubateur de Paris&Co sur l’immobilier de demain, plateforme d’innovation sur les services et technologies de l’immobilier résidentiel, tertiaire ou commercial.

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